« Ginger » et les slutwalks
Les « Slutwalks » ou « Marches des salopes » sont des manifestations publiques organisées par des femmes dans le monde entier depuis 2009. En cause : protester contre une déclaration hautement symbolique faire par un policier canadien devant des étudiantes, disant en substance que, si les femmes ne veulent pas subir d’agression sexuelle, elle doivent commencer par ne pas s’habiller comme des « traînées ». Le texte qui suit a été rédigé par une animatrice du CVFE à l’issue d’un travail avec un groupe de femmes liégeoises, qui a pris le nom de « Ginger » (en référence à Ginger Rogers). Il explique les raisons qui ont amené le groupe à participer à la Marche des Salopes organisée à Bruxelles le 25 septembre 2011.
Les mauvaises femmes n’écoutent jamais l’avis de personne
Vont où bon leur semble
Rient aux éclats
Et crient à tue-tête,
Les mauvaises femmes sèment la pagaille
Les mauvaises femmes foncent droit devant,
Elles ne craignent pas la tempête avant d’affronter l’océan
J’ai terriblement envie d’être une mauvaise femme.
Taslima Nasreen
Cette analyse aurait pu s’intituler « du Rififi chez les féministes » ou encore « Pour quelques centimètres de jupe de plus… ». En effet, le phénomène des « Marches des salopes » s’inscrit dans un contexte controversé. Conflictuel, mais aussi riche en réflexions et en occasions de donner notre avis, en tant que groupe de femmes participant de manière active et critique à des ateliers d’autodéfense, un groupe inclus dans une association féministe, le CVFE.
Une occasion, plus modestement, de découvrir autour des réactions suscitées par les « Marches de salopes » dans le monde, la complexité et le dynamisme des courants du mouvement féministe, prouvant ainsi que celui-ci n’a rien d’un combat d’arrière garde.
Le groupe Ginger
Pétillant, enlevé, résolu, piquant, ce nom à la fois parfumé et pimenté désigne un atelier d’autodéfense féministe de type « Seito Boei » qui réunit chaque semaine, depuis 2008, un groupe de femmes dans les locaux du CVFE. L'autodéfense féministe de type « Seito Boei » est l'ensemble de tout ce qui rend la vie des femmes plus sûre : des informations de prévention à la défense physique la plus déterminée, nous découvrons et partageons des techniques et ressources adaptées à la vie de tous les jours[1].
Après un stage de base d’une quinzaine d’heures, celles qui le souhaitent se retrouvent pour des entraînements hebdomadaires. Au fil du temps, un noyau s’est forgé. Un noyau mouvant, mais solide et soudé, constitué de d’« anciennes » et de « nouvelles », de tous âges et expériences, et issues d’horizons divers.
Nos profils sont donc très différents. Jeunes, mûres ou plus âgées ; au chômage, en formation ou au travail ; femmes plus ou moins diplômées, voire surdiplômées ; mariées, divorcées ou célibataires ; avec un, deux, trois, six enfants ou pas du tout. Un ensemble de femmes qui déploient et partagent leurs compétences d’autoprotection, leurs questionnements et une volonté d’agir plus ou moins développée selon les tempéraments, histoire et disponibilité de chacune.
Au fil du temps, des ateliers et de la page Facebook[2], une complicité s’est tissée. Cette complicité dépasse actuellement le cadre de l’atelier et s’accompagne de sorties à des expositions et conférences, de solidarité lors des coups durs de la vie, de participation à des manifestations, d’écriture individuelle et collective, de rendez-vous festifs ou de détente.
Ginger et Fred : un bel exemple d’égalité
La devise du groupe Ginger est « Souvenez-vous que tout ce que Fred Astaire a fait, Ginger Rogers l’a fait aussi, mais en reculant et sur talons hauts.»[3]. Ce slogan tente de déconstruire la croyance, commune à beaucoup de femmes, qui nous incite à penser que nous ne serions pas assez rapides, ou assez souples, ou que notre sens de l’équilibre et de la coordination ne seraient pas aussi bons que ceux des hommes…
Car enfin, Ginger Rogers et Fred Astaire ne formaient pas un couple, mais un tandem de professionnels et au final, une paire d’amis. Aussi doués l’un que l’autre, ils ont uni leurs talents pour créer un ensemble harmonieux, fabuleux, hors pair ! Ce duo désormais « vintage » a donné le ton, illustré une incroyable réussite en toute parité. Un bel exemple sous la forme d’un clin d’œil où nous constatons en un seul regard que les femmes et les hommes pourraient mener la danse en partenaires et en toute symétrie. Dans tous les domaines. Et qu’en tout les participantes de l’autodéfense féministe s’entraînent dans cet esprit de collaboration !
Ginger sur Facebook
« Ginger », c’est également un « lieu commun » sur Facebook[4], sous la forme d’un groupe fermé offrant un espace où s’échangent des savoirs, des expériences et des infos dans divers domaines concernant les femmes, leur sécurité et l'autodéfense. L’espace « Ginger » sur Facebook permet aux anciennes et aux nouvelles de garder le contact, de gérer un agenda et d’intégrer des femmes de plusieurs pays : Maroc, France, Tunisie, Québec, Australie… Le grand principe de cet espace est l'autogestion : les membres ajoutent leurs propres contacts, éditent des articles, débattent, se coordonnent. La collaboratrice du CVFE qui a créé le groupe et sa page modère si nécessaire.
Bref, Ginger, c’est nous, au fil de ce compte rendu d’expérience(s), et maintenant d’un écrit, mêlant les idées d’une dizaine de femmes, reprises dans un texte rédigé « à plusieurs mains ».
Les Slutwalks : pour ou contre ?
« Les Slutwalks », Marches des « Salopes » ou des «Traînées », s'organisent depuis bientôt deux ans. Depuis qu'un policier de Toronto, pendant une séance de « prévention », a expliqué à des étudiantes qu'elles risqueraient moins de se faire (sic) violer si elles arrêtaient de s'habiller « comme des salopes » (re-sic). Les propos ont vite fait le tour de la Toile et provoqué un mouvement quasi planétaire. Le 25 septembre 2011, une marche était organisée à Bruxelles, et la question de la participation à l'événement lancée dans les milieux féministes. »[5].
Conscientes de la controverse naissante grâce à différents articles postés sur le groupe FaceBook « Ginger », dont certains mêmes écrits par des membres, le débat naît et s’enflamme. Nous nous réunissons pour voter notre participation éventuelle à la marche belge. « D'abord, nous rappelle Virginie, membre de Ginger depuis neuf mois, ce qui pose problème, c'est l'appropriation du mot ‘salope’. Ce qu'on appelle un retournement du stigmate ».
Toutes les féministes ne sont pas d’accord avec cette stratégie, pourtant utilisée par d’autres mouvements avec succès (« Les folles de la place de mai » en Argentine au XXe, mais déjà la « Révolte des gueux » au XVIe). Elles pensent que cela autorisera encore plus certains hommes à nous appliquer ce terme. Mais s’il nous dérange, c’est surtout parce qu’il divise le monde en deux : les femmes respectables, celles qui marchent dans le rang (et qui iront au paradis ?) et les autres, bonnes à être violées (celles qui iront où elles veulent !).
Virginie reprend, suivie par d’autres : « C’est inacceptable : toutes des salopes, ou aucune ! Nous ne les laisserons pas marquer le troupeau. Quitte à marcher au côté des ‘pro-sexe’[6] ! ». Cela nous vaut à l’époque de vives critiques sur le Net, et a même provoqué un véritable clash, assorti du départ de trois membres dont nous respections les idées sans toujours les partager, au sein du groupe virtuel Ginger.
A cette occasion, nous découvrons des courants étranges associés aux « pro-sexe ». Le « Girl power »[7], les « Queers »[8], mouvements qui présentent bien des attraits par leur impertinence, mais sont extrêmement critiqués par le féminisme dit « radical »[9].
Ces déchirements internes nous intriguent, puis nous inquiètent. Avons-nous, en tant que féministes, les moyens de disperser nos énergies ? De plus, ce féminisme radical est en quelque sorte le berceau du CVFE[10] qui abrite les activités du groupe d’autodéfense… Comment s’y retrouver ? Et d’où provient cette fracture ?
Historique d’une rupture
Le clash entre les féministes radicales et les féministes dites « pro-sexe » date des années ’80, voire de la fin des années ‘70. La différence s’est cristallisée suite à la Barnard Conference, qui réunit en 1982 des féministes de plusieurs pays occidentaux[11]. A cette époque, des féministes radicales américaines, dont Andréa Dworkin et Catharine MacKinnon, vont mettre l’accent sur les violences induites par la représentation de la sexualité féminine dans le cinéma porno, y voyant une « représentation de la chosification et de l’humiliation des femmes dont procède la sexualité patriarcale »[12] et sur les conditions d’exploitation des actrices (contraintes, maltraitées, mal payées, obligées à des rapports non protégés, entre autres), assimilant la pornographie à la prostitution. Sur base de ces constats, elles feront pression sur les législateurs afin de la faire interdire[13].
Par ailleurs, d’autres femmes se revendiquant du féminisme vont, quant à elles, considérer que la stigmatisation des « travailleuses du sexe » (actrices X ou prostituées) se fonde sur l’indignation morale basée sur des valeurs judéo-chrétiennes et relève d’une tentative de « normalisation de la sexualité », sous couvert de lutte contre le patriarcat (cf. Simone de Beauvoir, Elsa Dorlin et Christine Delphy).
D’aucunes, comme l’écrivaine et actrice X Nina Hartley, ou l’ex-hardeuse et réalisatrice Ovidie, suggèrent non pas d’interdire la pornographie, mais de la réformer, en créant un cinéma porno non-sexiste.
Deux visions, en somme, deux approches de la sexualité des femmes, de leur image et de ses possibles représentations. Deux façons d’envisager un « bon usage du corps ».
Tout le monde à poil ?
Il semblerait actuellement que le mouvement des « Marches des salopes » s’inscrit dans un contexte plus large de stratégies de communication utilisant le sexe et/ou l’argument « sexy » pour faire passer des idées difficiles ou impopulaires. Ainsi, « Les tumultueuses » ont nagé seins nus en 2009 dans les piscines françaises pour défendre l’égalité des genres et interpeller sur le rapport au corps. Aujourd’hui, « Femen», ces ukrainiennes qui portent le scandale jusque sous les fenêtres du Vatican[14], dénudent leur poitrine pour sensibiliser au harcèlement des étudiantes à l’université et se donnent des allures de prostituées pour dénoncer le tourisme sexuel et la traite des femmes et en soubrettes tout droit sorties d’un porno pour demander des comptes à l’homme qui a rappelé au monde ce fantasme masculin révélateur de la persistance des rapports de domination[15]. Pendant que nous rédigions, une blogueuse égyptienne posait nue pour dénoncer le manque de liberté, notamment sexuelle, des femmes de son pays, malgré la révolution[16]. Il existe même un groupe de « sexy atheists » [17] sur FaceBook.
Une hypothèse qui inviterait à constater, comme le formule un militant féministe de nos connaissances, que « Le temps de la concertation (les temps infinis de la concertation !) étant grandement inopérants, d'autres formes d'actions beaucoup plus virulentes sont souhaitables. » Mais quelles actions, et avec quels résultats ?
Iconoclastes et pragmatiques ou déjà récupérées ?
Il est clairement plus facile de faire passer un message en faisant « plaisir aux hommes », en leur montrant ce qu’ils aiment à voir : des images de femmes attractives, stéréotypées, même à l’excès. Voilà un autre reproche qui nous interpelle : est-ce donc à ce point anti-féministe d’être bienveillantes et complices avec eux, si le faisons de manière consciente ? Faut-il absolument renoncer à tout ce qui est associé à la séduction pour ne pas être « excommuniées » ?
En quoi ces démarches impertinentes seraient-elles des trahisons et des dénaturations des objectifs et des valeurs du féminisme et non des moyens plus accessibles et populaires, par exemple vis-à-vis de jeunes filles qui ne liront jamais Le deuxième sexe ? Risquent-elles vraiment alors d’être victimes de ce manque de repères et d’être renvoyées au seul rôle d’objet de désir ? Aux féministes qui s’inquiètent et parfois traitent les « salopes » d’écervelées, nous rappelleront que les pro-sexes sont souvent aussi des intellectuelles : l’actrice de porno Ovidie est philosophe de formation, Sonia Verstappen, porte parole du Syndicat du travail du sexe (STRASS) Belgique, est anthropologue.
Il faut rappeler également que la provocation n’était pourtant pas absente des débuts de la deuxième vague[18] : brûler son soutien-gorge et se balader les seins dansant sous le chemisier ne sont pas des attitudes très politiquement correctes non plus !
Pour Nengeh Mensah[19], un « nouveau » féminisme, souvent appelé « troisième vague »[20], tenterait en fait de dépasser le féminisme de la « deuxième vague ». Certaines analyses féministes radicales à propos de la sexualité sont même qualifiées par elle de négatives et victimisantes pour les femmes. Les théorisations radicales sont, de manière plus générale, jugées par elle « dogmatiques » et « essentialistes »[21].
Pour les féministes radicales par contre, la démarche des « salopes » ou des « Femen » est typiquement néo-libérale et individualiste : chacune se réclame de sa singularité et de son droit à disposer de son corps, sans aucune solidarité avec celles qui souffrent de l’oppression patriarcale. Dès lors, ces femmes dans lesquelles certaines d’entre nous se reconnaissent, mais à qui les radicales refuse le titre de « féministes », seraient même des complices du patriarcat !
Dénoncer le consumérisme
Mais surtout, la « sexy attitude » est-elle efficace pour faire passer notre message, en l’occurrence le droit au respect et à la sécurité ? Nous pensons de notre côté que cette utilisation du corps et du sexe sont peut-être aussi révélatrices du consumérisme à tout va ambiant : nous sommes conscientes que marché de la jeunesse éternelle et de la séduction rapporte des milliards, la pornographie et la prostitution également… La « sexy attitude » est donc un « bon » argument « marketing », mais qui trouvera vite ses limites dans la nécessité d’aller toujours plus loin dans la provocation pour conserver l’attention des médias.
Cette démarche est peut-être aussi illustrative du constat posé, plus ou moins consciemment, par beaucoup de jeunes filles, que refuser les stéréotypes les rend souvent moins intéressante pour les garçons. Ces types de lutte dites « pro-sexe » prennent pourtant aussi des formes collectives, et revendiquent au fond la même chose que les précédentes : égalité pleine et entière, liberté pour les femmes de choisir pour elles-mêmes, dignité, sécurité, etc. Elles inventent seulement d’autres modes d’activismes.
Si les mouvements de la troisième vague ne se désolidarisent pas du féminisme « orthodoxe » et même s’en revendiquent, force est de constater que l’inverse n’est pas vrai, et les invitations à faire son auto-critique fusent comme dans l’exemple ci-dessous, à l’occasion de la sortie d’un numéro du magazine féministe satyrique « fluide G »[22] provocant à son tour une virulente défense.
Plus positivement nous avançons l’idée que l’on peut aussi jouer des ses différentes identités, pour ne pas se laisser enfermer dans une seule. Que l’ont peut les croiser. La Femen, nous renvoie l’image de la guerrière amazone aux seins dénudés qui crie « Descends si tu es un homme », de la bacchante, de la militante qui se fait embarquer et de la star du porno, tout cela en une seule femme.
Troisième vague et sexualité ludique
Nous aimons en tout cas l’idée que la sexualité peut également être ludique et jouissive et pas toujours culpabilisante ou dangereuse, comme nous ne le savons que trop bien. Que la respectabilité ne doit pas être quémandée, ni passer par les regards et les critères des hommes, mais venir de nos propres choix d‘attitudes. Comme l’a dit une de nous, participante à la Marche des salopes de Bruxelles à la journaliste du magazine Elle-Belgique : « Quand on est traitée de salope, c’est toujours par un gros c…, ce qui devient un compliment, puisqu’il me dit en fait que je suis une femme libre! »
La notion de diversité et de jeu des identités serait au cœur de la « troisième vague », de même que l’idée qu’aucune définition de l’oppression ne vaut pour toutes les femmes en tout temps, en tout lieu et en toute situation. En outre, comme le fait remarquer Nengeh Mensah[23], une typologie pensée en termes de « vagues » réduit, dévalorise et évacue la complexité ainsi que la diversité des idées qui parcourent l’histoire et l’actualité du mouvement féministe. Par conséquent, certaines avancent que, plutôt que de concevoir la pérennité d’une hiérarchie entre les sexes, il importe de penser le pouvoir en termes circulaires, voire qu’il faut éviter une compréhension binaire des catégories de sexe.
Nengeh Mensah l’affirme notamment dans le cas des « jeunes féministes », aux yeux desquelles les hommes ne posséderaient plus systématiquement des privilèges associés à leur classe. De ce fait, leur intégration au mouvement féministe serait désormais possible. Elle est citée dans un article très intéressant du site féministe radical Sisyphe intitulé « Comment ne pas se noyer dans la troisième vague »[24].
Alors, avons-nous bien fait ?
Attendu qu’il s’agissait clairement pour nous :
- D’affirmer le droit des femmes à occuper l’espace public, en sécurité quelle que soit l’heure ;
- De refuser la culpabilisation de la victime d’une agression, sous prétexte de sa conformité, ou non, à une certaine image de respectabilité ;
- De refuser qu’il y ait des femmes « bien », qui ne méritent pas l’agression, et des « pas bien », qui l’ont cherchée ;
- De réaffirmer qu’un non est un non, quelle que soit la tenue de celle qui le prononce.
Après décision favorable en assemblée de Ginger à Liège, une quinzaine de participantes se sont retrouvées à Bruxelles.
Certaines en tenue léopard, d’autres en jean’s.
Certaines manifestant pour la première fois de leur existence.
Six femmes pour l’atelier hebdomadaire, quatre bruxelloises via les réseaux sociaux, ainsi que quatre travailleuses du Collectif contre les violences et l’exclusion.
Des femmes de 25 à 60 ans, agacées par les regards, la drague, les jugements et conscientes de s’autocensurer au niveau vestimentaire par souci de sécurité.
Dans la perspective de cette participation, d’autres avaient rédigé un communiqué de presse et préparé une banderole affirmant « It’s a dress, it’s not a yes ! »[25], avec laquelle nous avons fièrement défilé, attirant l’attention de plusieurs journalistes[26].
Contrairement à ce que les adversaires de la marche nous avaient prédit, celle de Bruxelles n’a pas été récupérée par le mouvement des travailleurs, -euses du sexe, mais était au contraire le reflet d’une belle diversité : jeunes filles et gars d’ultra-gauche, altermondialistes, femmes issues de l’immigration, transexuel-le-s, mères de familles et grand mères, quelques mandataires politiques, des homosexuels « hétéro-friendly » : « La vie, quoi », comme le dit tranquillement Anne, une des plus anciennes de l’atelier.
Dans l’euphorie de cette belle journée, sous le regard étonné, mais bienveillant, de la foule de la capitale, nous avons failli oublier une seconde que rien n’est jamais acquis. Ginger conserve comme souvenir le marron qui fut jeté sur l’une d’entre nous par des jeunes garçons désapprouvant la présence dans nos rangs d’une fille de leur communauté… N’oubliez-pas les gars : toutes des « salopes » ou aucune !
Humaines, trop humaines
La conclusion, laissons-la à Marie France, une autre d’entre nous : « Je viens d'apprendre quelque chose de très important aujourd'hui : se prendre en main et changer sa façon de se vêtir, de vivre (Marie France s’est habillée pendant des années de manière de plus en plus « masculine », selon ses termes, pour tenter de diminuer la jalousie de son partenaire violent), changer ses fréquentations, en éliminant tout ce qui est considéré comme négatif (elle a finalement mis fin à la relation l’an dernier ), c'est bien mais pas suffisant. Il faut aussi travailler le mental et cela est aussi, si pas plus, important que le physique, parce que sans cela nous risquons quand même de retomber dans les travers du passé et de re-commettre les mêmes erreurs ».
L’histoire ne s’arrête pas là, car nous réfléchissons encore et discutons entre nous, et avec d’autres d’avis opposés, de ces stratégies « sexy » et de leur (im)pertinence… Car nous nous sentons profondément libres[27].
« On appelle esprit libre celui qui pense autrement qu'on ne s'y attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état et de sa fonction ou en raison des opinions régnantes de son temps. Il est l'exception, les esprits asservis sont la règle. Ce que ceux-ci lui reprochent, c'est que ses libres principes, ou bien ont leur source dans le désir de surprendre ou bien permettent de conclure à des actes libres, c'est-à-dire de ceux qui sont inconciliables avec la morale asservie. »
Friedrich NIETZSCHE, Humain, trop humain.
Recueil d’articles, galerie photo et revue de presse autour des slutwalks
Article de Virginie
file:///d:/data/users/florenceR/slutwalk/article-slutwalk-oui-non-finalement-oui-82319513.html
Article de Larissa
file:///d:/data/users/florenceR/slutwalk/Sans%20voile%20et%20sans%20vapeur.htm
http://sandrine70.wordpress.com/2011/08/15/que-penser-des-slutwalks-marche-des-salopes-elements-pour-reflexion/
http://www.garance.be/cms/?La-fierte-des-salopes
http://irenekaufer.zeblog.com/573509-les-salopes-entre-marche-et-marche/
http://sisyphe.org/spip.php?article3875
Photos
https://picasaweb.google.com/106580477016515592965/MarcheDesSalopes?authkey=Gv1sRgCIG9if-G-_3t9wE#
http://fr.clint.be/actua/binnenland/les-salopes-marchent-sur-bruxelles-gallery
http://www.levif.be/info/reportages-photo/la-marche-des-salopes-de-bruxelles-en-images/album-1195110416058.htm#.ToCFSzVoZ0I.facebook
Revue de presse
http://www.socialisme.be/psl/archives/2011/09/25/slutwalk3.html
http://www.dhnet.be/infos/belgique/article/369722/la-marche-des-salopes-reunit-350-participants-a-bruxelles.html
http://www.liberation.fr/societe/01012362147-marche-des-salopes-ne-dites-pas-aux-femmes-comment-s-habiller
Pour citer cette analyse :
Florence Ronveaux, "« Ginger » et les slutwalks", Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE asbl), décembre 2011. URL : https://www.cvfe.be/publications/analyses/273-ginger-et-les-slutwalks
Contact :
Avec le soutien du Service de l’Education permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie.
Notes :
[1] Pour plus d’information sur le Seito Boei au CVFE, visitez le chapitre « publications » de notre site www.cvfe.be et www.garance.be.
[2] https://www.facebook.com/#!/groups/131466943576435/
[3] “Remember, Ginger Rogers did everything Fred Astaire did, but backwards and in high heels”.
[4] https://www.facebook.com/#!/groups/131466943576435/
[5] file:///d:/data/users/florenceR/slutwalk/article-slutwalk-oui-non-finalement-oui-82319513.html (blog de Viginie, membre de Ginger).
[6][6] Courant féministe qui revendique le travail du sexe comme outil d’émancipation des femmes (http://feministes.net/feminisme_pro_sexe.htm).
[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/Girl_power
[8] http://fr.wikipedia.org/wiki/Queer
[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme_radical
[10] Collectif contre les violences et l’exclusion (Liège).
[11] C. Deschamps et A. Souyris, Femmes publiques, les féminismes à l’épreuve de la prostitution, Ed. Amsterdam, Paris, 2008, pp.76-82.
[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme_radical
[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_anti-pornographie
[14] http://www.rtl.be/info/monde/europe/835204/arretees-parce-qu-elles-voulaient-manifester-seins-nus-au-vatican
[15] Allusion à l’affaire DSK.
[16]http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.lesnouvellesnews.fr%2Findex.php%2Fcafouillage%2F42-cafouillage%2F1494-la-blogueuse-egyptienne-qui-choque-et-interpelle&h=gAQHg4NuJAQHtVm2eHW6e4fVB5vsHeB1YG3eF2A0lswvbZw
[17] Groupe sur FB.
[18] Aussi appelé « féminisme radical » (voir supra).
[19] N. Mensah est psychologue, sexologue, docteure en communication et professeure à l’Ecole de travail social à l’Université du Québec à Montréal.
[20] http://fr.wikipedia.org/wiki/Troisi%C3%A8me_vague_f%C3%A9ministe
[21] L’essentialisme postule que les hommes et les femmes seraient dotés de qualités et sensibilités différentes par « essence », il sacralise aussi fréquemment le corps féminin. Nous n’avons pas trouvé de preuves que les radicales seraient essentialistes plutôt qu’ »universalistes ». Il semble qu’il s’agisse plutôt d’anathèmes que les différents courants s’adressent…
[22] Cf. http://www.meltyfashion.fr/fluide-g-n-5-special-grosse-et-moche-du-magazine-actu82661.html, ainsi que la réaction des radicales (http://www.meltyfashion.fr/fluide-g-n-5-special-grosse-et-moche-du-magazine-actu82661.html) et leur défense (http://www.sexactu.com/2011/11/04/en-direct-dun-torchon-feministe-auto-proclame/).
[23] http://sisyphe.org/spip.php?article2925&fb_source=message
[24] Idem.
[25] « C’est une robe, pas un ‘oui’ » !
[26] Voir revue de presse en annexe.
[27] Merci à Virginie, Pascale, Emmanuelle, Yohali, Marie-France, Anne, Bahia, Jeanine, Jackie, Marie-Jo, Badia (et son marron), Claire, Larissa, etc. Pour leurs participations diverses et complémentaires : idées, témoignages, organisation, banderole, photos, débats sur le net, interview, recherches et écriture.