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en Éducation Permanente

Se détourner de l’extrême droite : quelques éléments de sociologie utiles à la compréhension de cet électorat

Dans cette étude, nous nous interrogeons sur la possibilité de se détourner de l’extrême droite. Dans une première partie, nous explorons ce que signifient les votes d’extrême droite et ce qu’ils révèlent sur cet électorat. A travers la compréhension de quelques éléments de sociologie, nous pourrons mieux appréhender les dynamiques derrière un changement de vote. Dans une deuxième partie, nous réfléchirons aux moyens d’action que nous avons, travailleuses et travailleurs de l’éducation permanente, pour lutter contre l’extrême droite et empêcher son implantation en Wallonie.  

Introduction

Bien que la Belgique francophone semble, pour l’instant, relativement épargnée par la montée de l’extrême droite, son succès croissant dans le nord du pays et chez nos pays voisins doit néanmoins nous inquiéter sur le phénomène. Dans le contexte défavorable au camp social que nous vivons, une question s’impose : “sommes-nous réellement à l'abri ?”. En Wallonie, bien qu’il existe peu d’extrêmes droites organisées, nous ressentons chaque jour la pression de ces idées et discours qui se diffusent au-delà de ces partis. C’est pourquoi, en tant qu’association féministe et d’éducation permanente, il nous semble primordial de s’intéresser à cette montée des extrêmes droites afin de pouvoir lutter au mieux contre ses avancées.

Dans cette étude, nous souhaitons réfléchir à ce qui amène à se tourner et parfois à se détourner de l’extrême droite. Nous adoptons une approche sensible de ces électeurs et électrices afin de comprendre pourquoi ils se tournent vers ce vote qui, in fine, nuirait à l’écrasante majorité de ceux-ci. Dans une première partie, nous nous pencherons sur différentes explications, notamment issues de la sociologie des comportements électoraux, afin d’appréhender ce vote. Notons que, pour des raisons linguistiques, la littérature utilisée se concentre principalement sur l’électorat RN. Néanmoins, nous avons tenté un maximum d’y ajouter des constats sur l’électorat néerlandophone. De plus, cette littérature sur l’électorat RN nous semble nécessaire pour appréhender les mécanismes généraux qui sous-tendent ces préférences électorales, certains constats étant applicables à d’autres contextes régionaux. Nous mettrons ainsi en lumière la diversité des significations, motivations, rapports à la politique et trajectoires qui se cachent derrière ce vote. Cependant, notre objectif ne se limite pas à la compréhension de logiques (inter)individuelles. Nous inscrivons ces logiques dans un contexte plus large qui est celui d’une Europe qui se tourne de plus en plus vers des partis réactionnaires. Nous souhaitons comprendre, non pas des personnalités, mais les faits sociaux et les conditions sociales qui façonnent et poussent à ce vote (Faury : 2024), tout en dépassant les jugements moraux qui tendent à voir ces électeurs et électrices comme des monstres ou des victimes (Marchand-Lagier : 2017). Et c’est en saisissant ce que signifie “se tourner vers l’extrême droite” que ne pourrons entrapercevoir ce que signifie s’en détourner.
 
Dans une deuxième partie, nous utiliserons cette approche compréhensive pour réfléchir aux pistes d’action qui s’offrent à nous, travailleuses et travailleurs de l’éducation permanente, pour lutter contre l’extrême droite dans notre pratique de terrain. Nous y explorons quelques pistes et méthodes qui semblent capables de répondre aux besoins criants que cache la montée de l’extrême droite : des besoins de démocratie et d’égalité. Cette étude s’inscrit dans une perspective militante portée par l’espoir de pouvoir détourner ces personnes de l’extrême droite et de les amener vers le camp progressiste.

Se tourner vers l'extrême droite...

Les sciences politiques ont depuis longtemps démontré que le vote est loin d’être la traduction des opinions politiques des individu·es. Au contraire, de nombreux facteurs entrent en jeu et façonnent le vote. L’étude de ces différents facteurs a traversé l’histoire des sciences politiques et de nombreuses approches axées sur différents niveaux de compréhension (autant micro, que macro) ont tenté de saisir pourquoi les personnes votent comme elles votent. Ces différents niveaux de compréhension étudient des facteurs qui se couplent, s’entrechoquent, évoluent et prennent différents sens selon le positionnement socio-économique, le lieu, l’époque et l’offre politique. Toutes ces approches ont leurs avantages, mais aussi leurs limites et se concentrer sur un aspect en néglige forcément un autre. Ainsi, il n’existe jamais une explication globale et mono causale d’un vote (Marchand-Lagier : 2017), qu’il soit pour l’extrême droite ou pour une autre tendance.

Ces perspectives nous invitent à sortir du mythe libéral du citoyen éclairé qui sait se situer sur une échelle politique, maîtrise les différents programmes et enjeux et qui, au moment de voter, pose un choix rationnel représentant une opinion fabriquée en son fort intérieur ((Faury : 2024) ; (Marchand-Lagier : 2017)). Comme nous allons le voir, la réalité est bien loin de ce mythe et diverses logiques sociales entrent en jeu (Challier : 2023). Dans ce cadre, de nombreuses/eux politologues trouvent plus judicieux de parler de préférence de vote plutôt que de choix de vote.

Dans cette étude, nous souhaitons nous intéresser aux personnes que nous pouvons détourner de l’extrême droite, ainsi nous allons nous pencher sur le vote qui nous semble être un degré minimum d’engagement. Nous ne souhaitons pas discuter des personnes qui militent activement et de manière éclairée pour la mise en place d’une société fasciste. Nous n’avons pas pour volonté de détourner des militant·es aguerri·es ou cadres d’extrême droite.

De la sorte, nous nous concentrons sur le vote, mais nous souhaitons souligner que celui-ci n’est qu’un comportement politique parmi tant d’autres. Il existe de nombreuses manières de faire de la politique et une diversité d’engagements possibles.

Que signifie un vote d'extrême droite ?

              “Je ne sais pas pourquoi je vote Vlaams Belang. A force, tu ne sais plus pour qui tu votes” (Gilbert 78 ans)
                                                                                  
Pour mieux saisir ce qui pousse au vote d’extrême droite, il nous faut d’abord souligner quelques éléments qui caractérisent, de manière générale, le rapport à la politique des électeurs et des électrices, d’extrême droite ou non. Il est nécessaire de noter un premier constat : la compétence politique n’est pas distribuée de manière égalitaire et de nombreuses personnes sont globalement assez éloignées des sujets politiques et ont peu connaissance de ceux-ci. Cet intérêt ou non-intérêt pour la politique varie selon le positionnement socio-économique d’un individu et grandit à mesure que l’on monte dans l’échelle sociale (Mayer : 2010). En dehors des milieux académiques ou politiques, parler politique ne va pas “de soi” et n’est pas un sujet de discussion souhaitable : “la propension à parler politique, comme toutes les autres formes de participation, reflète la place dans la société” (Mayer : 2010). Selon les diplômes, le revenu, le patrimoine, la profession, le lieu de vie, le genre, etc. nous ne nous saisissons pas pareillement du sujet politique.

En plus de ce premier constat, nous observons également que les personnes qui votent sont les plus munies en différents capitaux et sont notamment les plus diplômées (Marchand-Lagier : 2017). Par ailleurs, il existe une plus grande congruence entre les électeurs/rices fortement diplômé·es et le parti pour lequel ils et elles votent : ceux-ci changent moins facilement leurs préférences idéologiques et plus facilement leur préférence pour un parti. Au contraire, “les personnes moins éduquées changent également d’opinion, mais changent moins facilement de choix de parti. Ces personnes votent moins souvent pour le parti qui représente le mieux leurs opinions. De ce fait, elles sont peut-être moins bien représentées” (Deschouwer & al : 2015). En dehors de certaines populations diplômées qui démontrent un intérêt particulier pour la politique, nous observons une distance entre les programmes, les déclarations des leaders et les électeurs/rices, voire même les militant·es de ces différents partis (Challier : 2023).

Ajoutons que si le clivage gauche/droite peut sembler basique dans des milieux politisés ou universitaires, cela révèle surtout un “biais intellectualiste” qui tend à penser que ces catégories “relèveraient d’évidences universelles” (Challier : 2023). Or, la majorité de la population n’accorde pas le même sens à ces catégories que les politologues et nous observons une distance par rapport à ce clivage (Marchand-Lagier : 2017), distance d’autant plus forte dans les milieux populaires “plus éloignés des compétences scolaires qui conditionnent les compétences politiques” (Challier : 2023). Ce qui ne signifie pas que ces catégories ne puissent être saisies et porteuses de sens pour les individu·es, au contraire, “ces catégories font toujours l’objet d’investissements symboliques, y compris chez certains segments des classes populaires”. Par exemple, nous pouvons observer la perception, par des enfants d’immigré·es, de la gauche comme étant moins raciste, ou une recherche de respectabilité dans les votes de droite (Challier : 2023). Certain·es auteur·es étudient d’ailleurs, dans une perspective bourdieusienne, la correspondance entre le vote et le style de vie (Challier : 2023). Notons que les personnes de droite et de gauche portent un rapport différent à la politique :  par exemple, les personnes de droite sont beaucoup plus attachées au secret du vote, considéré comme une affaire intime, tandis qu’à gauche, celui-ci fait plus l’objet de discussions puisqu’il est perçu comme ayant une portée collective (Muxel : 2015).

Si cette échelle gauche/droite a évidemment encore toute sa pertinence aujourd’hui, il nous faut garder à l’esprit qu’électeurs, électrices et politologues perçoivent ces catégories différemment. Ainsi, c’est en prenant en compte le sens que les électeurs/rices accordent à ces catégories que nous pouvons saisir l’un ou l’autre phénomène (Challier : 2023).

Ces observations ne doivent pas nous pousser à dessiner un tableau trop noir d’une population qui serait totalement dépolitisée et éloignée des sujets politiques. Comme nous l’avons dit, il existe de nombreuses manières de se saisir de la politique et de la faire vivre hors de cette vision scolaire et électoraliste. Les nombreux mouvements contestataires, féministes, écologistes, syndicalistes, Gilets Jaunes, etc. démontrent que le sujet politique est bien vivant et qu’il fait réagir. Les féministes ont d’ailleurs démontré à quel point l’intime est politique et nous pouvons supposer que la politique s’invite bien souvent dans des discussions, même lorsqu’elle n’est pas perçue comme telle. Les personnes ont des avis et opinions : cet éloignement et “grande démission” démontre plus un rejet d’un système démocratique défaillant et vertical qu’un non intérêt.

Ce rejet est finalement assez logique dans un système électoraliste qui n’invite que (très) peu les citoyen·nes à participer, donner leur avis, etc. Mais lorsque nous sommes sollicité·es, que nous donnons de l’importance à notre voix, à travers le travail des syndicats, des associations ou via des concertations citoyennes comme il y en a eu en France, nous nous emparons du sujet politique. Finalement, ce ne sont peut-être par les individu·es qui sont dépolitisé·es, mais “la classe politique qui n’est pas à la hauteur des citoyens”.

Tous ces constats sont également valables pour l'électorat d’extrême droite, qui est finalement un électorat comme un autre, bien souvent éloigné du sujet politique et ne sachant pas forcément se situer sur une échelle gauche/droite.

Différentes compréhensions du programme

Ce que les électeurs font au moment de voter est beaucoup plus subtil que ce que les résultats peuvent laisser paraître. Certains électeurs sont sûrs de leur vote depuis très longtemps, alors que d’autres hésitent encore. Certains électeurs votent pour un parti parce qu’ils considèrent que certains points du programme politique sont importants, alors que d’autres choisissent ce parti en fonction d’autres points du programme. Certains électeurs votent avec enthousiasme et conviction, alors que d’autres font, avec peu d’entrain, un choix électoral parmi un ensemble de partis dans lesquels ils ne se retrouvent pas. Ces différences entre les électeurs, la manière et les raisons pour lesquelles ils votent, ne peuvent pas être détectées à partir des résultats bruts. Pour obtenir cette information, il est nécessaire d’interroger les électeurs afin qu’ils puissent l’expliquer(Deschouwer & al : 2015).

Dans ce contexte où les électeurs et électrices sont inégalement doté·es en compétences politiques, les enquêtes de terrain sur l’électorat RN démontrent des interprétations et compréhensions différentes du programme du parti : un même vote peut signifier, être interprété et vouloir dire différentes choses pour les votant·es (Mayer : 2010). Nous observons que les électrices/eurs bricolent et s’approprient différemment les idées du parti pour lequel ils et elles votent : “ils composent, avec une quantité d’informations plus ou moins importante, cueillie ça et là, sans y porter toujours un intérêt très soutenu” (Marchand-Lagier : 2017). Il est donc possible, au sein d’une même section militante, de rencontrer, par exemple, une personne qui remettra en question l’Etat social, tandis qu’une autre ne remettra pas en question cet état social, mais la “concurrence pour accéder à ses ressources” (Challier : 2023). Nous observons également que le RN du nord n’est pas celui du sud : le premier étant plus à gauche, le deuxième plus à droite. Ainsi, certain·es votant·es pourraient être classé·es par les politologues comme plutôt conservateurs/rices, mais ce n’est pas forcément le cas de tou·tes. Ces différentes interprétations coexistent et peuvent se maintenir puisque, nous l’avons dit, le programme n’est globalement pas maîtrisé, est difficilement mobilisé et ce “décalage avec les catégories du champ politique est encore plus prononcé chez des acteurs populaires” (Challier : 2023). Assez représentatif de ce rapport au parti, Christèle-Lagier note cet extrait d’entretien (elle précise d’ailleurs que cette question de “qu’est-ce qui vous plaît le plus au FN” a remplacé sa première qui était “qu’est-ce qui vous plaît dans le programme”, à laquelle les personnes ne répondaient que difficilement) :
 
Qu’est-ce qui vous plaît le plus au FN ?
- Là tout de suite, je me souviens plus de leur programme. Ce que j’aime bien c’est la proximité, l’accessibilité des gens du FN parce que bizarrement, je les trouve beaucoup plus accessibles. Vous voyez Marion Maréchal-Le Pen, je l’ai vue plusieurs fois parce qu’elle vient déjeuner ici, elle dit bonjour à tout le monde, elle est très souriante, c’est pas forcément le personnage qui va me plaire mais le fait qu’elle va être très sociable, très avenante. Elle a une politique et je trouve qu’elle l’applique, elle suit la ligne politique qu’elle s’est fixée, c’est cette régularité qui me plait” (Marchand-Lagier : 2017)

Cette diversité d’idées et opinions est également permise par des extrêmes droites qui jouent sur ces ambiguïtés, les entretiennent et adaptent leurs discours, notamment celui économique (Marchand-Lagier : 2017). Ainsi, ces partis arrivent à faire pencher vers eux toute une gamme de votes (Faury : 2024).

Si les auteur·es remarquent ces maniements et bricolages, cela ne signifie pas pour autant que les électeurs et électrices d’extrême droite soient totalement ignorant·es ou qu’ils ne formulent pas d’idées politiques réactionnaires ((Faury : 2024) ; (Marchand-Lagier : 2017)). En Belgique, les sondages démontrent que les électorats VB et NVA ont des scores significativement hauts - surtout pour le VB - en ce qui concerne une certaine “aspiration à l’autoritarisme” et la volonté d’une “répression accrue”. L’électorat VB se distingue par son opposition à l’immigration et, en Flandre, les enquêtes quantitatives démontrent que cette opposition est le principal prédicteur - en termes d’opinions - du comportement électoral. En France, les sociologues observent de manière récurrente les thématiques racistes dans leurs enquêtes auprès de l’électorat RN : nombreuses/eux sont celles et ceux qui évoquent leur peur d’une invasion musulmane, qui ethnicisent les rapports sociaux, font mention d’un “eux et nous”, et affichent leur volonté de défendre les traditions françaises (Marchand-Lagier : 2017). Les enquêtes statistiques sont formelles à ce sujet : les stéréotypes racistes sont plus présents au sein de l’électorat RN et, d’ailleurs, 54% des votant·es RN se déclarent eux-mêmes racistes. Mais ces constats ne doivent pas nous faire oublier que ces électeurs et électrices n’ont pas le monopole du racisme qui est présent chez d’autres (même à gauche) ainsi que chez les abstentionnistes et qu’il n’y a pas forcément une automaticité entre un vote RN et des idées racistes. Par ailleurs, personne ne devient raciste de manière isolée et les discours racistes sont également le fruit d’une construction sociale et historique, nous reviendrons sur le sujet.

Notons qu’en ce qui concerne les droits des femmes, il n’existe pas d’études quantitatives sur le sujet, mais les études de terrain rapportent que les votantes d’extrême droite ne sont pour la plupart pas au courant des propositions machistes des partis d’extrême droite et qu’elles ne portent pas une vision traditionnelle du rôle des femmes ((Marchand-Lagier : 2017) ; (Venner 2003)). Mais ces constats doivent être vérifiés quantitativement.

Une conscience triangulaire

Si nous retrouvons diverses interprétations du programme RN, de nombreuses/eux sociologues pointent chez ces électeurs et électrices une “conscience triangulaire”. Cette conscience triangulaire désigne le fait de se sentir menacé, d’un côté, par “le haut” et ceux qui sont perçus comme des élites et, de l’autre côté, par “le bas”, c’est-à-dire les “assistés” et les immigrés. En effet, nous observons chez les électeurs/rices RN un sentiment d’injustice sociale et l’impression d’être les seul·es à ne pas profiter d’un système qui privilégierait tous les autres. “Ces électeurs se sentent victimes, comme nous l’avons dit, d’un traitement de “défaveur” [...] et le discours prend appui sur un sentiment d’impuissance bien ancré. [Ils] craignent un avenir qu’ils ne maîtrisent pas, se sentent désarmés et leur préférence FN participe d’un mouvement de reprise en main de leur destin social” (Marchand-Lagier : 2017).

Nous remarquons que cette conscience triangulaire se couple généralement à un discours raciste, fort présent, nous l’avons dit, au sein de cet électorat qui associe bien souvent les “assisté·es” aux immigré·es. De manière générale, les préoccupations sociales de ces électeurs sont liées au thème de l’immigration. Dès lors, Faury nous invite à penser la thématique sociale et la thématique raciale conjointement, tant des idées ne sont jamais isolées les unes des autres. Cette liaison est d’autant plus possible que les différents partis d’extrême droite s’évertuent à “proposer sans relâche des jonctions entre cette thématique [de l’immigration] et une liste toujours plus longue d’autres enjeux sociaux, économiques et politiques” (Faury : 2024). Le racisme imprègne la manière de concevoir le social et est une réponse aux nombreux problèmes que ces électeurs énoncent. Christèle-Lagier note d’ailleurs que plus la connaissance du programme est faible, plus le rejet des immigré·es est fort : les mesures étant mal maîtrisées, les explications racistes sont vite mobilisées.

Mais il y a donc une diversité de préoccupations et les enquêté·es votant RN énoncent plein de problèmes : le “rejet des immigrés” n’est pas une “single issue” du vote RN. “On n’en finirait pas d’énumérer les entretiens où - sous couvert d’immigration - il en va, en fait de la situation de l’électeur sur le marché du travail, de la présence des chômeurs parmi ses proches, de la crainte de formes de concurrence qui, en menaçant une façon de vivre, menacent une identité” (Marchand-Lagier : 2017). Ces préoccupations varient selon les contextes et positions sociales des électeurs et électrices. A ce sujet, nous suggérons le documentaire Arte “la jeunesse n’emmerde plus le FN” où nous voyons une multitude de sujets évoqués par les personnes interrogées : la difficulté d’être maman solo, les inégalités, les accords de libres échanges, le manque de lieux de sociabilité dans les campagnes reculées, etc. qui se lient systématiquement à cette question migratoire. Toutes ces préoccupations auxquelles il nous faut proposer d’autres solutions et imposer d’autres discours.

Si nous soulignons le racisme de ces électeurs, il nous semble nécessaire de rappeler que le racisme est multiforme et est loin de se limiter à des croyances et stéréotypes. Par ailleurs, il peut s’exprimer différemment selon les groupes sociaux et certains ont plus de possibilités pour le cacher. Les électeurs et électrices d’extrême droite ne sont pas les seul·es à vouloir cultiver un entre soi blanc (notamment résidentiel) et ne sont certainement pas les plus efficaces à le faire. Faury propose que leur vote traduit cette impossibilité à faire ce que d’autres font sans susciter d’indignation (Faury : 2024).

De plus, au-delà de ces logiques inter-groupes, le racisme s’inscrit dans nos structures sociétales : dans la division du travail, dans la distribution spatiale inégale de nos villes, dans les rapports nord/sud, etc. et ne pourrait être réduit à des stéréotypes qui seraient propres à quelques individu·es. Le racisme est le résultat d’une longue construction où s’entremêlent différents mécanismes historiques, politiques, médiatiques, sociaux, économiques, institutionnels, etc.1Comme toujours, il ne faut pas nous limiter à une vision des phénomènes sociaux comme étant le fait d’individu·es et limiter le vote FN au comportement de “mauvais citoyens” qu’il faudrait blâmer (Marchand-Lagier : 2017). Au contraire, il nous faut réfléchir aux productions et responsabilités collectives qui nous mènent au racisme et à l’extrême droite (Faury : 2024) et à nous poser la question de comment agir sur ces différents facteurs.

Un certain détachement

En plus de ces constats, les enquêtes de terrain démontrent que les votes pour l’extrême droite ne révèlent pas une totale adhésion à ces partis. Loin de l’image de fanatiques, nous observons que le vote FN est souvent émis sans enthousiasme et s’accompagne de réserves, de doutes et de questionnements. Christèle-Lagier note même que certain·es votant·es sont conscient·es du danger de ce vote. L’électorat n’adhère pas de manière inconditionnelle et le parti ne suscite que peu d’élan ou d’espoir politique. Ce non enthousiasme se perçoit d’ailleurs dans la difficulté du parti, à l’instar d’autres partis, à créer une base militante. En ce qui concerne le vote RN, le gros des troupes repose aujourd’hui sur des préférences assez fragiles “Je vote FN, mais pas par conviction, par ras-le-bol”. “Le FN a progressivement construit l’image du parti à qui on pouvait, sans grande illusion, s’abandonner provisoirement et déléguer l’expression de sa colère” (Marchand-Lagier : 2017). Ce vote est ainsi devenu “the most bang for your vote” (Marchand-Lagier : 2017). A ce sujet, nous conseillons le film documentaire “Ils votent pour le Rassemblement National” qui donne la parole à quelques-uns de ces profils qui votent pour le RN “parce qu’il inquiète, qu’il fera réagir les gens” ou parce que “la question qu’il faut poser c’est qui est susceptible de foutre le plus le bordel”.

Pourtant, si l’extrême droite a réussi à avoir cette image de parti anti-système, une fois au pouvoir on constate qu’elle n’ébranle pas du tout le système capitaliste et les inégalités qui en découlent. Nous retrouvons les mêmes politiques antisociales du néolibéralisme, dans une version encore plus violente.

Le vote FN, comme d’autres votes, est d’ailleurs un vote instable : “L’inconstance électorale des citoyens est bien plus la norme que l’exception”. L’électorat FN est extrêmement volatile - à chaque scrutin, l’électorat se renouvelle de moitié (Marchand-Lagier : 2017) - et peut alterner son vote avec d’autres (généralement et majoritairement à droite, bien que pas uniquement). Nous faisons face à un électorat qui parfois vote, parfois non, parfois pour le RN, parfois pour un autre parti : en France, cet électorat n’est pas plus fidèle qu’un autre (Marchand-Lagier : 2017). Néanmoins, si ce constat est vrai pour le RN et la France, cela ne signifie pas pour autant que nous puissions le transposer à tous les électorats d’extrême droite. En Belgique, l’analyse des résultats électoraux de 2014 et 2019 a démontré que l’électorat VB était, de loin, le plus fidèle avec pratiquement 90% d’électeurs “loyaux”. Néanmoins, derrière ce chiffre, nous observons également que la suppression du vote obligatoire en Belgique impacterait principalement le VB avec un tiers de son électorat qui déclare qu’il n’irait plus voter. De plus, lors des élections de 2019, plus de la moitié de l’électorat VB déclare avoir fait son choix de vote lors du lancement de la campagne, quelques semaines ou jours avant le scrutin, voire, pour 11% de l’électorat, le jour du scrutin, ce qui signifie que celui-ci n’est pas ancré indéfiniment dans le marbre.

Ces différents constats relativisent grandement ce qu’est un vote : celui-ci, qu’il soit pour l’extrême droite ou pour d’autres tendances, peut cacher de nombreuses significations, divers degrés d’engagement et différentes appropriations des idées de ces partis. Si ces constats ne doivent pas nous amener à minimiser la menace qu’est l’extrême droite, ils nous confirment dans l’idée que ces électeurs et électrices ne sont pas d’indécrottables fascistes et pourraient être sensibles à d’autres discours et formations politiques.

Un entourage d'extrême droite

A ces constats qui démontrent un certain rapport au vote et à la politique, nous aimerions souligner un autre facteur explicatif du vote : la sphère intime. Depuis les années 50, les différentes études en sciences sociales démontrent à quel point la sphère privée est déterminante pour expliquer le vote (Muxel : 2015). “L’acte de vote n’est pas seulement un acte individuel, [il] engage d’autres avec soi dans l’entourage immédiat, et avant tout le groupe familial. Le cercle des proches, parce qu’il est un lieu d’échanges et de discussions, oriente et influence”. Le contexte familial a une importance cruciale dans l’apprentissage politique et dans les préférences électorales. D’ailleurs, les ruptures familiales en raison de désaccords politiques sont statistiquement assez rares. Ces contextes familiaux sont eux aussi traversés par des questions de classe, de race, de parcours et trajectoires historico-sociales et s’ancrent dans une époque donnée et dans un certain contexte national.

Ce rapport à la politique revêt également, sans surprise, une dimension genrée. En effet, les femmes déclarent s’intéresser moins à la politique, en discuter moins, avec moins de monde et favorisent l’espace intime pour en parler. Elles accordent également beaucoup de crédit à des membres de leur famille pour façonner leurs opinions. De plus, nous observons que le couple est le lieu où se discute le plus la politique : les personnes en couple votent plus et suite à un divorce, les femmes votent moins (ce qui n’est pas le cas des hommes). Et si, de manière générale, nous observons que les personnes ne cherchent pas la divergence d’opinions et apprécient parler politique avec des personnes avec qui elles sont d’accord, les femmes vont particulièrement éviter le conflit et tenter de maintenir la cohésion, notamment dans le cadre familial (Muxel : 2015).

Nous prenons ainsi conscience du poids que peut jouer la sphère intime dans la construction d’un vote. Il en va de même pour un vote d’extrême droite : “Les gens qui votent FN vivent avec des gens qui votent FN”. Les couples votent souvent tous les deux FN, les personnes seules côtoient des ami·es ou de la famille (voire des collègues) qui votent FN. On ne vote pas seul·e, le vote est une pratique collective et ce vote s’inscrit bien souvent dans un environnement favorable à cette préférence. De la sorte, nous nous rendons rapidement compte que dans certains lieux où le vote d’extrême droite a su s’installer et s’imposer, il devient fort probable de côtoyer, principalement, des personnes qui votent pour l’extrême droite et discutent de sujets d’extrême droite. Si il y a quelques années encore voter RN pouvait procurer un sentiment de honte, ce vote s’est aujourd’hui banalisé et devient normal dans certains lieux. Il peut ainsi se créer une sensation que “tout le monde pense ça”, ce qui minimise le caractère extrémiste de ces partis (Faury : 2024). “Le vote RN s’ancre dans les sociabilités ordinaires, se légitime par la circulation d’”évidences” partagées au sein de groupes sociaux concrets” (Faury : 2024).  Par ailleurs, Faury et Christèle-Lagier montrent comment, dans les régions qu’ils ont observées, le racisme peut devenir un liant, créateur des relations sociales. Il existe donc un enjeu par rapport à la banalisation de ces discours dans les sociabilités quotidiennes, nous reviendrons sur le sujet dans la deuxième partie.

Trajectoires individuelles versus grandes tendances

Au delà de ces différentes explications, les sociologues démontrent l’importance d'événements individuels pour expliquer un vote d’extrême droite qui peut faire suite à un mariage, être l’occasion d’affronter son père, qui peut fournir des relations sociales, des sujets de discussion, des connaissances, une manière d’affirmer qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il se passe. Pour beaucoup, ce vote peut être un moyen d’avoir prise (Marchand-Lagier : 2017), pour d’autres, le vote d’extrême droite peut également être un vote de reconnaissance, “d’intégration, de mise en conformité avec le groupe national majoritaire’ car dans certains lieux “voter RN, c’est faire preuve du rejet d’un “eux” dont le symétrique est l’intégration à des “nous” vecteurs de respectabilité” (Faury : 2024). Ce vote peut pallier des faibles liens sociaux, le fait de ne pas avoir de travail, etc. Les sociologues démontrent ainsi une pluralité de parcours qui amènent à voter pour l’extrême droite.

Néanmoins, tous ces éléments de trajectoire biographique sont à insérer dans un contexte plus large qui permet à l’extrême droite de répondre à cette diversité de situations. Cette diversité de parcours qui trouve comme même point de chute l’extrême droite n’est pas un hasard ou une fatalité. “Là où les travailleurs ou les personnes vulnérables s’enlisent socialement, là où il y a de la colère, de la frustration, de la détresse ou toute autre forme de malaise… c’est l’extrême droite qui en récolte le fruit, qui détourne le mécontentement comme le joueur de flûte de Hamelin et qui se présente comme la nouvelle rébellion”. La force de l’extrême droite, et ce qui en fait une menace aussi terrifiante, est de réussir à s’insérer et se faufiler dans tous ces contextes et d’offrir à un nombre grandissant de personnes une impression de solution à leurs différents problèmes.  Parfois, l’extrême droite se fait une place en s’opposant à la corruption, d’autres fois, elle offre une sensation de renouvellement politique, et parfois encore elle remplit un vide politique qui s’est constitué suite à l’abandon des partis de gauche (Marchand-Lagier : 2017). L’extrême droite arrive à s’imposer dans des contextes de plus en plus variés, dans des catégories socio-professionnelles de plus en plus diverses et atteint des catégories de personnes longtemps réfractaires comme les femmes ou les LGBT+. Mais ce n’est pas toute seule qu’elle arrive à s’installer de la sorte et il est évident que cette situation ne saurait être réductible à des trajectoires biographiques et aux éléments de compréhension plus sensibles que nous avons explorés dans cette première partie.

Les éléments explicatifs que nous avons énoncés ne doivent pas nous amener à omettre des facteurs structurants tels que la situation économique d’une région qui se tourne majoritairement vers l’extrême droite, les profils socio-économiques des personnes qui s’abandonnent à ce vote, les moyens déployés ou non pour lutter contre les idées d’extrême droite, la façon dont les autres partis traitent cette extrême droite, la place qui lui est faite dans les médias, etc. Par ailleurs, si nous observons une distance à la politique, une méconnaissance des catégories gauche/droite, etc. de nombreux facteurs et responsables sont à pointer dans cette dépolitisation de nos vies. Il nous faut donc nous retrouver dans cette lasagne explicative où se croisent des grandes tendances qui s'entremêlent et cachent des trajectoires plus intimes. Et c’est en ayant tout cela en tête que nous pourrons réfléchir à comment lutter contre l’extrême droite.

... Se détourner de l'extrême droite

                                                                                                                                     “On est ignorant, mais pas idiot !” (Maria)

Dans notre première partie, nous avons vu que, loin du mythe libéral de l’électeur/rice rationnel·le, “Le vote est un phénomène complexe. Il est à la fois individuel et collectif ; il peut être abordé comme processus ou comme résultat, dans sa distribution spatiale ou sa répartition sociale, sous l’angle de ses motivations ou de ses effets. Il existe plusieurs façons de l’étudier et de l’interpréter ; chacune révèle certaines dimensions du phénomène en cachant ou en minimisant les autres.” ((Bon : 1991) cité par Mayer : 2010). Ainsi, les électeurs/rices d’extrême droite sont des “électeurs comme les autres” et, comme les autres électeurs/rices, leur vote ne traduit pas une adhésion totale à un programme politique. De plus, comme pour les autres électorats, il n’existe pas un électeur ou une électrice type, mais une multitude de parcours (et notamment électoraux). Ces électeurs et électrices ne sont pas réductibles à leur vote qu’ils porteraient comme une essence (Marchand-Lagier : 2017). Nous faisons face à un électorat qui vote sans être ni très informé sur les différentes propositions et programmes, ni très convaincu par ce que ces partis pourraient amener. “La même personne pourra voter à droite puis à gauche, s’abstenir ou se remobiliser au gré des expériences familiales, amicales, professionnelles.” (Challier : 2023). Leur vote pour l’extrême droite n’est pas immuable et, par exemple, Challier a observé comment, lors des mobilisations des Gilets Jaunes, certain·es ont développé une “conscience protestataire”, plus préoccupé·es par “ceux d’en haut” que “ceux d’en bas” (Challier : 2023). Notons tout de même que, statistiquement, le passage de partis d’extrême droite vers des partis progressistes n’existe que peu : si nous remarquons une certaine volatilité dans les préférences de vote, celle-ci se fait bien souvent au sein d’une même famille politique.
 
Ainsi, se poser la question de se détourner de ces idées peut paraître naïf au vu de ces réalités. Se détourner de l’extrême droite n’implique pas une fracture nette, ni même un processus de déradicalisation comme nous pourrions l’imaginer. Et de manière assez logique avec ce que nous avons développé dans cette étude, si nous pouvons relever de nombreux facteurs et parcours pouvant amener à voter extrême droite, il en va de même pour s’en détourner, nous l’espérons, définitivement. Si la littérature existe à propos des parcours de désengagement d’anciens skinhead ou autres néonazis, elle est inexistante à propos des parcours d’ancien·nes votant·es qui, nous l’avons vu, n’ont pas, pour beaucoup, entamé un processus d’engagement. Nous ne saurons donc dégager des généralités dans cette étude. Différentes vidéos circulent sur les réseaux sociaux où témoignent des ancien·nes votant·es de ces partis : tandis qu’un premier explique l’importance du rap et de ses messages antiracistes, d’autres racontent le fait de changer de ville, de commencer des études, de faire de nouvelles rencontres, etc. D’autres témoignages  mentionnent l’importance de travailler avec des personnes issues de l’immigration ou encore la rencontre avec un syndicat. Dans le documentaire “Ils votent pour le Rassemblement National”, Marie raconte l’importance d’avoir vu un policier musulman mourir durant les attentats de Charlie Hebdo. Ces différents témoignages, qui, à nouveau, ne permettent pas de tirer des conclusions, démontrent la diversité de parcours.

Pour notre étude, nous avons interviewé Maria (prénom modifié). Maria est maman solo, est arrivée durant son enfance en Belgique depuis la Colombie et après divers “petits boulots” a entamé des études d’assistante sociale à 40 ans. Maria a voté une fois VB, en 2014. Elle nous explique son vote :

J : Et t’es arrivée aux urnes et tu as voté pour eux…
M : Pour moi c’était une évidence, je ne me suis jamais posé la question “est-ce que je fais bien ou mal”. A cette époque-là, je n’étudiais pas, j’étais une maman solo qui travaillait 80 heures par semaine, je courais d’un endroit à l’autre et j’étais bien contente que la communauté néerlandophone m’aide à payer des stages pour ma fille. Tu n’as pas le temps de réfléchir, tu fais ce qui doit être fait. Et à côté, on te vend du rêve et tu te dis “pourquoi nous on n'aurait pas le droit à des logements décents, à certaines primes pour pouvoir nous aider, pour pouvoir élever correctement nos enfants ?”.  Et ils te disent qu’on va vivre sur un pied d’égalité, que les ressources vont être partagées de manière égale et que si tu travailles tu vas recevoir ce dont tu as besoin. Et quand tu bosses 80 heures par semaine, c’est sûr que ça te parle. Mais tout ça c’est faux. Mais pour moi c’était une évidence et je suis arrivée ce jour-là devant les urnes et pas une seule fois je me suis dit “tiens, est-ce qu’il y a du racisme derrière”, ça je ne l’ai pas vu en fait… Et c’est par après, quand tu apprends à analyser les choses que tu te dis “Ah oui quand même c’est dangereux”.

Avant ce vote, Maria votait PS. A ce propos, elle nous dit :

“Moi je pense que j’ai toujours aimé les gens, donc pour moi c’était presque une logique d’aller toujours vers la gauche. Et puis la couleur, on ne va pas se mentir, j’aime bien le rouge, c’est une belle couleur, c’est le cœur. Mais trop de scandales, trop trop trop de scandales, trop d'argent dépensé… Et au bout d’un moment tu te dis “Attends, ça fait des années qu’ils sont au pouvoir et rien n’évolue”. Et donc tu te dis “Pourquoi pas aller tester ce qu’il se passe ailleurs ?”.

Maria s’est depuis totalement détournée du VB suite à son implication au syndicat socialiste, au sein duquel elle est arrivée un peu par hasard. Bien que nous soyons conscientes que le parcours de Maria ne soit pas généralisable, nous avons souhaité lui donner la parole et avons ponctué le reste de cette étude avec quelques extraits d’entretien.

Comment déclencher ces détournements ?

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