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04/223.45.67 |  Ligne d'écoute et d'urgence CVFE (24/7) 0800/30.030 |  Ligne d'Ecoute violence conjugale (24/7)

Publications
en Éducation Permanente

Quelle place pour les femmes dans les programmes pour ces élections 2024 ?

L’année 2024 est marquée par différentes élections : communales, régionales, fédérales et européennes. A cette occasion, nous avons voulu lire et comparer ce que les principaux partis francophones proposent pour lutter contre les violences faites aux femmes. Nous retranscrivons dans cette analyse ce que nous retenons de chacun des programmes. 

Cliquez sur "Aperçu général" pour découvrir notre tableau récapitulatif des différentes propositions.

Aperçu général
*ADDENDUM : L'item concernant la création de chambres et/ou tribunaux suscite des réactions. Les divers partis politiques qui mentionnent la création de ces chambres et/ou tribunaux n’explicitent pas suffisamment le contexte et les grilles de lecture qui seront au centre de ces dispositions. Le CVFE attire l’attention sur la nécessité absolue d’appliquer une lecture du processus de domination conjugal (PDC) en accord avec la convention d’Istanbul et rejette ainsi la médiation pour les femmes et les enfants victimes de violences conjugales et/ou intrafamiliales. Pour rappel, les violences conjugales et/ou intrafamiliales ne sont NI des conflits, NI des violences symétriques ou mutuelles. Le CVFE restera donc extrêmement vigilant, lors de la constitution des différents gouvernements, à l’application de tous les aspects de la convention d’Istanbul.

A la lecture des programmes des différents partis, nous observons une première grande distinction, qui pourrait presque correspondre au clivage gauche/droite, à propos de la place réservée aux thématiques liées aux femmes. En effet, ces thématiques sont plus ou moins transversales et font l’objet de points d’attention particuliers dans les programmes d’Ecolo, du PTB, du PS et des Engagés. Ces quatre partis font des mentions récurrentes, adoptent souvent un regard genré, se réfèrent aux revendications féministes et posent des constats et des solutions assez développés en ce qui concerne les difficultés rencontrées par les femmes. A l’inverse, les programmes de DéFi et du MR n’adoptent pas cette vision transversale et n’ont que très peu de propositions concernant les femmes.

En ce qui concerne la déconstruction des stéréotypes, excepté le PTB qui se concentre plutôt sur des politiques matérielles, il semblerait que les partis aient plus ou moins un socle commun qui est de favoriser l’entrée et la représentation des femmes dans des domaines plutôt masculins comme le sport, les STEAM, les médias, etc., avec certaines variations selon les partis. La place que l’école doit jouer dans la déconstruction des stéréotypes varie également selon les partis et, à l’exception de DéFI qui n’en fait pas mention, tous les partis sont favorables à la mise en place de l’EVRAS dans les écoles, bien que le MR et les Engagés mentionnent l’une ou l’autre réserve à ce sujet.

Nous nous sommes ensuite intéressées à la lutte contre les inégalités de genre en nous concentrant sur les propositions à propos de l’autonomie financière des femmes, de leur double journée, de leur santé et du secteur associatif.

A propos de l’autonomie financière, nous observons à nouveau, un clivage gauche/droite qui marque les propositions. Ecolo, le PS et le PTB, avec différentes variations - distinguant notamment Ecolo qui s’ancre moins dans le socialisme que les deux autres et développe moins ces points - sont pour un renforcement des services publics, de la sécurité sociale. Ces partis prévoient également différentes mesures afin de lutter contre la précarité ou contre les inégalités et la mise en place d’emplois stables et pérennes. Par exemple, ces partis s’opposent au statut cohabitant (ce qui est le cas de tous les partis à l’exception du MR), mentionnent vouloir un calcul de la pension qui prend en compte les temps-partiels au sein desquels les femmes sont majoritaires, ou encore sont pour l’automatisation des droits sociaux. Le MR, à l’extrême opposé, remet en question différents piliers de la sécurité sociale (notamment via des attaques envers les chômeuses et les chômeurs et les malades de longue durée), ne souhaite ni développer ni renforcer certains secteurs publics. Au contraire, il est ouvert aux partenariats avec le privé et souhaite renforcer les emplois qui ne cotisent pas pour la sécurité sociale. Entre ces deux opposés, les Engagés et DéFI ont des positions plus ambiguës. Par exemple, si les Engagés souhaitent plus de logements sociaux et l’élargissement de la gratuité scolaire (à l’instar des trois partis de gauche), le parti porte également différentes propositions qui affaibliraient notre système de solidarité à travers, par exemple, la remise en question des cotisations patronales, la limitation dans le temps des allocations de chômage, et l’absence de propositions concernant la protection d’emplois pérennes et cotisants. Il en est de même pour DéFI qui, s’il démontre un certain attachement à la sécurité sociale et à certains services publics qu’il souhaite maintenir (ou voir redevenir) fédéraux, d’autres propositions remettent également en question les cotisations et démontrent une volonté d’ouverture au privé.

Par rapport à la double journée des femmes, l’ensemble des partis s’accorde sur la nécessité de plus de places en crèches (sauf DéFI qui n’aborde pas le sujet). A l’exception du MR, l’ensemble des partis souhaite allonger le congé de paternité afin de l’aligner sur celui de maternité. Le PS, Les Engagés et DéFI ont également pour volonté de tendre vers l’obligation de ce congé de paternité. Notons que les trois partis de gauche souhaitent aller vers une réduction collective du temps de travail et souhaitent limiter les emplois à horaires ultraflexibles, à l’inverse du MR qui souhaite les renforcer. DéFI et les Engagés ne font pas mention de ce type d’emplois.

A l’exception de DéFI et du MR, l’ensemble des partis développe un point spécifique à propos de la santé des femmes. En ce qui concerne la contraception, sauf DéFI et le MR qui n’en font pas mention, l’ensemble des partis veut tendre vers un élargissement de la gratuité des différents moyens de contraception (avec, à nouveau, des variabilités selon les partis). A propos de l’IVG, Ecolo, le PS et le PTB veulent allonger le délai et rendre plus accessible cette pratique. DéFI, qui ne développe pas autant de propositions afin de la rendre plus accessible, souhaite néanmoins la dépénaliser et rallonger le délai. Le MR règle la question avec un point qui vise à défendre “la liberté de disposer de son corps”. Les Engagés veulent la dépénaliser et l’inscrire dans la constitution, bien que nous observons quelques réserves de leur part.

Ensuite, nous observons encore une fois un clivage gauche/droite à propos du soutien à l’associatif. Les trois partis de gauche démontrent un grand soutien au secteur (le PS et le PTB marquant également fortement leur soutien aux syndicats et aux mouvements sociaux, Ecolo faisant plus mention du rôle écologiste que peuvent jouer les associations). Les Engagés considèrent également le secteur comme crucial, mais proposent de déléguer des tâches de l’Etat à celui-ci (ce qui ne nous semble bénéfique ni pour nos services publics, ni pour l’associatif, ni pour les bénéficiaires). DéFI et le MR ne mentionnent pas l’immense travail réalisé par l’associatif, mais démontrent des positions de contrôle envers le secteur, voire de méfiance de la part du MR.

Pour finir, en ce qui concerne la lutte contre les violences faites aux femmes, notons que l’ensemble des partis, à l’exception de DéFI, sont pour la création de plus de CPVS, ainsi que pour celle de plus de places d’hébergement pour les victimes. En dehors de ces deux volontés, nous observons des propositions assez similaires pour Ecolo, le PS et les Engagés. En effet, les trois partis, qui souhaitent une justice plus accessible et plus centrée sur la place des victimes, développent une prise en charge assez transversale des violences faites aux femmes dans leurs points consacrés à la justice. Ces partis prônent la formation des professionnel-le-s, la prévention et souhaitent tendre vers des sanctions alternatives (les trois partis mentionnent Praxis). Le PTB est assez proche de cette vision, mais développe une approche plus strictement punitive en ce qui concerne les violences sexuelles et préconise la prison. Néanmoins, nous sommes bien loin de la vision du MR qui développe un regard sécuritaire, répressif et punitif (c’est le seul parti qui souhaite construire plus de prisons). Le MR ne spécifie d’ailleurs qu’assez peu les victimes des violences faites aux femmes. Notons que DéFI est le parti avec le moins de propositions à ce sujet et ne développe pratiquement rien sur la prise en charge des victimes de violences faites aux femmes dans le cadre judiciaire.

Cliquez sur l'un des partis pour découvrir notre analyse de leur programme

Quelques précisions

Ce contexte électoral particulier nous a semblé offrir une occasion propice pour analyser les programmes des différents partis politiques (en nous concentrant sur les élections fédérales et régionales) afin d'examiner les propositions visant à lutter contre les violences faites aux femmes. Nous n’avons pas limité notre lecture aux propositions concernant les refuges et la justice, mais avons ouvert celle-ci à toutes les politiques qui permettent - ou nuisent - à l’autonomie des femmes, comme le droit à l’avortement, la fin du statut cohabitant, ou les aides à l’emploi. Pour nous, il est évident de penser le cadre sociétal dans lequel s’inscrivent les violences et de sortir d’une vision simpliste de celles-ci qui pourraient se régler uniquement par un processus judiciaire. Au contraire, nous les analysons comme faisant partie d’un contexte inégalitaire sur lequel il faut agir. Ainsi, pour chaque parti, nous mettons en lumière ces différentes thématiques : déconstruction des stéréotypes de genre, autonomie économique des femmes, santé, double journée de travail et lutte contre les violences faites aux femmes. De la sorte, nous sommes vigilantes envers l'ensemble des politiques qui peuvent précariser et fragiliser les femmes.

Nous pensons que cet outil s’avèrera utile, même en dehors de cette période électorale, car il met en lumière différentes manières d'aborder les violences faites aux femmes et, plus généralement, différentes visions de la société et des inégalités. Les programmes sont révélateurs des idéologies qui justifient les actions des différents partis. Cet outil est également utile à la compréhension du clivage gauche/droite, qui, nous le voyons, est très concret lorsque nous abordons les thématiques liées aux conditions de vie des femmes.
Cette analyse ne saurait être exhaustive et il n’est pas aisé de comparer ces programmes. En effet, ceux-ci ont des volumes extrêmement variés, abordent différemment les thématiques liées aux femmes, posent différents constats, etc. De plus, si nous avons pu analyser certaines thématiques grâce à notre expertise issue de notre travail de terrain et de différents écrits théoriques, nous n’avons pas cette expertise pour tous les sujets qui concernent les femmes. Ainsi, bien que conscientes de l’importance capitale de ces enjeux, nous n’abordons malheureusement pas les points concernant les politiques migratoires, les thématiques LGBTQIA+, les aînées, le racisme, ou encore, les propositions spécifiques aux femmes en situation de handicap.

De plus, pour effectuer cette analyse, nous n’avons pas établi une liste de propositions qui nous semblaient nécessaires dans notre combat pour l’égalité femmes/hommes. Nous avons construit cet outil en partant des propositions des partis que nous avons ensuite comparé entre elles. Ainsi, ce travail ne met en lumière que les thématiques amenées par les partis et ne représente pas un plaidoyer du CVFE. Néanmoins, afin d’analyser les différentes propositions concernant les violences faites aux femmes, nous nous sommes donc référées à notre expérience de terrain et de notre bagage théorique. Nous avons souhaité développer une vision globale des violences faites aux femmes et prêtons une importance particulière au cadre dans lequel les femmes se situent. Ainsi, il nous a semblé important (et évident) de mentionner les propositions qui concernent l’autonomie économique des femmes, leur santé et leur double journée de travail. Notre analyse accorde donc une importance à la sécurité sociale et aux services publics, qui nous semblent être des remparts primordiaux contre les violences faites aux femmes, ainsi que des tremplins vers l’autonomie des femmes.

Pour finir, nous aimerions souligner que cette analyse est limitée aux programmes et que ceux-ci ne sauraient être représentatifs de l’ensemble du travail réalisé par les différents partis politiques. Nous tenons à préciser qu’il existe des conflits à l’interne de chacun de ces partis, avec des ailes plus à gauche et d’autres plus à droite. De plus, nous sommes conscientes que tout ce qui est noté dans les programmes n’en devient pas pour autant prioritaire pour ces partis. Nous avons d’ailleurs pu observer des écarts entre les propositions de certains partis et ce qui a été appliqué par les gouvernements dans lesquels ils étaient impliqués. Par exemple, PS et Ecolo mentionnent tous deux vouloir des pensions qui prennent en compte les temps partiels des femmes, ainsi que la limitation des emplois “atypiques” comme les flexijobs, mais les deux partis ont participé à un gouvernement qui a réformé les pensions sans prendre en compte le travail fractionné et qui a étendu ces flexijobs. Les politiques que nous observons sont bien souvent le résultat de conflits, compromis et marchandages et ce serait une erreur de se limiter à la seule lecture des programmes pour saisir le travail mené par les différents partis qui peut améliorer (ou empirer) les conditions de vie des femmes. Cette analyse comparative est un outil, que nous avons souhaité didactique, et doit être considéré comme tel. Cet outil permet la mise en lumière des différentes manières d’aborder les violences faites aux femmes, ainsi que le projet sociétal défendu par chacun des partis. Nous pensons, et espérons, que cet outil peut être utile pour les électrices et les électeurs, ainsi que pour les différent-es professionnel-les de l’éducation (permanente).

Notre analyse

En tant qu’association de terrain, notre travail nous rappelle quotidiennement ô combien des décisions politiques impactent directement et concrètement nos vies. En effet, nous observons le poids des différentes politiques mises en place sur les nombreuses femmes qui passent dans un ou plusieurs des services du CVFE - tant au refuge, qu’au centre d’insertion socio-professionnel, qu’à la crèche ou au sein du département d’éducation permanente : violences institutionnelles, difficultés pour garder les enfants, précarité, problèmes de titres de séjour, parcours administratif de combattantes, mal logement… Nous assistons à la brutalité de ce système qui se répercute d’autant plus sur les femmes qui vivent des violences. Et si nous constatons chaque jour ces difficultés, nous constatons également l’extrême nécessité de notre travail associatif qui panse de nombreux maux. Ce travail associatif, majoritairement effectué par des femmes, est vital et pallie aux manquements de notre société. Ce travail est pourtant bien trop souvent fragilisé par manque de moyens et soutiens, notamment financiers. C’est depuis cette position que nous effectuons cette analyse des programmes : conscientes du cadre dans lequel s’effectue notre travail et conscientes de la nécessité d’une diversité de politiques afin de lutter contre les violences faites aux femmes.

A la lecture et comparaison de ces programmes, nous observons diverses manières d’aborder les thématiques liées aux droits des femmes et différents poids donnés à celles-ci. Nous observons une opposition majeure entre les partis de gauche et ceux de droite sur la manière d’aborder ces thématiques. Nous le percevons déjà dans la place qu’occupe la question des femmes dans le programme, elle n’a pas la même transversalité dans tous les partis. Les partis de gauche développent beaucoup plus de propositions, solides, concernant l’égalité hommes/femmes, par exemple, concernant le droit à l’avortement, la contraception, la prévention, ou encore, le soutien au secteur associatif. Pour ces partis, l’angle genre revient quelque soit la thématique et nous observons que les partis de gauche ont entendu les constats et les propositions de la société civile et ont intégré dans leurs programmes les revendications féministes.

Ce clivage gauche-droite portant sur la manière de se saisir des questions liées aux droits des femmes n’est pas étonnant. De manière binaire qui pourrait être nuancée dans une analyse consacrée au sujet, nous pourrions distinguer la gauche et la droite par une opposition entre un primat sur l’individu-e d’une part et sur le collectif d’autre part. La pensée de gauche se caractérise par sa vision collective : que ce soit dans les constats qu’elle pose ou dans les solutions qu’elle propose. La gauche pense les inégalités comme étant le résultat de structures, rapports de force, dynamiques institutionnelles et ne rend pas responsables les individu-es de celles-ci. Par exemple, s’il y a des pauvres, ce n’est pas parce que certain-es seraient fainéant-es, mais parce qu’on vit dans un système capitaliste qui repose sur l’exploitation d’une classe sociale par une autre. Ainsi, les inégalités ne peuvent être comprises comme étant le résultat d’individu-es qui seraient plus ou moins méritant-es, plus ou moins faibles, mais comme le résultat de structures sociétales qui désavantagent et défavorisent certains groupes comme les femmes, la classe travailleuse, les personnes d’origine étrangère, etc. Et si ces inégalités sont dues à ces ressorts systémiques et sociétaux, il y a une responsabilité collective et sociétale dans la suppression de celles-ci. C’est pourquoi la gauche est caractérisée par son attachement à la sécurité sociale : historiquement, celle-ci a été pensée comme un système de protection sociale, une assurance contre les risques collectifs qu'on traverse dans une société capitaliste et elle repose sur le principe de solidarité. La droite, à l’inverse, pense la société comme la conséquence d’actions d’individu-es et en termes de choix posés par ces individu-es. Et donc, s’il y a des pauvres, c’est qu’il y a des fainéant-es et des non méritant-es.

Selon cette logique, les pensées féministes sont forcément plus compatibles avec la pensée de gauche puisque le féminisme part du principe que les femmes sont confrontées à des inégalités, non pas parce qu’elles seraient moins intelligentes, plus faibles ou moins méritantes, mais parce que des structures sociétales les désavantagent : emplois moins valorisés et moins rémunérés, limites dans leurs droits à disposer de leur corps, non reconnaissance de leur travail de soin, etc. Le féminisme est marqué par la fameuse phrase de Simone de Beauvoir “on ne nait pas femme, on le devient” qui révèle non pas des dispositions individuelles et/ou biologiques, mais la construction historique et sociale des différences et inégalités de genre. La pensée féministe s’oppose à la logique de pensée de la droite qui fait primer le libre choix individuel sur le poids des systèmes. Les travaux féministes ont démontré à quel point nos choix, que l’on pense personnels, sont en réalité le résultat de pressions et d’attentes projetées sur les femmes. Si les femmes ont majoritairement à charge les enfants, ce n’est pas parce qu’elles le choisissent ou parce qu’elles seraient biologiquement conçues pour cela, mais bien parce qu’on les éduque à le faire. Ainsi, les féministes s’en prennent bien souvent à ce qu’elles nomment un système patriarcal qui est plus vaste qu’une somme d’actions individuelles : il se lit également dans nos institutions, nos lois, notre division du travail, etc. Ainsi, les pensées de gauche et féministes peuvent se rejoindre sur les constats et les solutions à proposer : gratuité de la contraception, evras, accès concret et universel pour le droit à l’avortement, etc. Ainsi, les partis de gauche vont facilement intégrer les revendications pour lutter contre l’oppression des femmes dans leurs propositions habituelles pour l’égalité. Nous sommes bien loin des solutions davantage individuelles proposées par les partis de droite comme la possibilité d’augmenter ses heures de travail ou d’avoir des horaires plus flexibles.

Notons que s’il existe un féminisme libéral, qui prône l’ascension de quelques-unes à des postes de pouvoir afin d’atteindre l’égalité entre hommes et femmes de même position dans une société hiérarchisée, celui-ci se confronte rapidement aux critiques du reste des mouvements féministes. 

Au-delà de ce premier constat, un autre s’impose à nous : les propositions ou l’absence de propositions de certains partis pourraient gravement nuire aux droits des femmes. Comme nous l’avons dit, ces programmes risquent d’impacter nos quotidiens de femmes et de travailleuses de l’associatif et certains programmes nous effraient sur l’avenir qu’ils proposent. Premièrement, en ce qui concerne le secteur associatif, nous constatons un grave manque de soutien de la part du MR, de DéFI et, avec les particularités que nous avons relevées, des Engagés. Nous constatons même une certaine méfiance envers un secteur qui pourrait être perçu comme étant trop politisé. Ce qui nous questionne énormément sur notre travail qui, loin de se limiter à l’hébergement des femmes victimes de violences, vise également à alerter sur leur situation et à dénoncer tout ce qui aggrave celle-ci. Devrions-nous nous contenter de prendre soin sans aspirer à des transformations sociales qui apporteraient des solutions de fond ?
 
Deuxièmement, d’autres propositions comme la limitation dans le temps des allocations de chômage, la remise en question de la gratuité scolaire totale par le MR, la possibilité d’augmenter les emplois précaires, etc., nous font craindre un avenir plus sombre pour les femmes et, singulièrement, celles qui passent dans l’un ou l’autre de nos services. Ajoutons le manque d’ambition en ce qui concerne un droit à l’avortement solide de la part du MR et des Engagés et le tableau devient très sombre. Toutes ces propositions économiques risquent fortement de fragiliser l’autonomie des femmes et nous sommes loin du soutien urgent que nous espérions. Ajoutons le manque d’ambition en ce qui concerne un droit à l’avortement solide de la part du MR et des Engagés et le tableau devient très sombre. Ces programmes nous rappellent à quel point nos droits ne sont jamais acquis et que nous devons constamment lutter pour les défendre et en gagner de nouveaux.

Pour conclure cette étude, nous aimerions souligner que si nous nous sommes concentrées sur les propositions des partis politiques, nous sommes clairement conscientes qu’il ne nous faut pas attendre l’action des partis politiques pour améliorer le quotidien des femmes. Si certains partis ont adopté des revendications féministes, c’est bien parce que nous avons lutté pour que soient mises ces thématiques à l’agenda politique, ce qu’il nous faut continuer. Car c’est via notre travail et expertise de terrain ainsi que via nos mobilisations que nous arriverons à une société plus égalitaire. Quels que soient les résultats des élections, il nous faudra lutter : pour contrer les mesures qui détruiraient toutes nos avancées sociales ou féministes ou pour s’assurer que les propositions progressistes soient réellement mises en place. Conscient de ces enjeux, le CVFE prendra les devants. D'abord en portant, avec ses partenaires, les revendications des associations qui accueillent et hébergent les femmes et les enfants victimes de violences auprès des nouveaux gouvernements. Ensuite, en se mobilisant avec un maximum d'acteurs du non-marchand pour défendre sa légitimité, notamment dans les espaces de consultation de la société civile et dans la définition de plans d'action ambitieux pour défendre les droits des femmes. Enfin, en militant pour défendre la préservation et le développement des enveloppes financières allouées aux associations qui prennent en charge des missions de service public telles que celles effectuées par le CVFE.

Glossaire

Aliénation parentale : concept pseudo-scientifique selon lequel un-e enfant serait manipulé-e par l’un des parents (le plus souvent la mère) pour haïr l’autre (le père) dans le cas d’une séparation. Une loi contre l’aliénation parentale en Belgique ? 'Non, il faudrait plutôt bannir ce concept' - RTBF Actus

Cellules EVA : Emergency victim assistance. Il s’agit d’une cellule dédiée spécifiquement à l’accueil des victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales.

COCOF : Commission Communautaire Française

Convention d’Istanbul : Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique.

CPAS : Centre Public d’Action Sociale

CPVS : Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles : https://cpvs.belgium.be/fr

STEAM : Science, Technologie, Ingénierie, Art et Mathématiques

EVRAS : Education à la Vie Relationnelle Affective et Sexuelle : https://www.evras.be/

PRAXIS : Association soeur du CVFE qui vise à responsabiliser les auteurs de violences : http://www.asblpraxis.be/

SECAL : Service des Créances Alimentaires

AMU : Aide Médicale Urgente qui permet aux personnes sans papiers d'avoir accès à un minimum de soins de santé.

Logements AIS : Agence Immobilière Sociale : ce sont des partenariats entre des propriétaires de logements privés et les services pulics afin que ces logements deviennent "sociaux", c'est-à-dire destiné aux publics qui peuvent obtenir ces logements et à bas loyers.

Automatisation des droits sociaux : le fait d'automatiquement verser les allocations, revenus, aides, etc qu'une personne est en droit de recevoir, sans qu'elle n'ait à en faire la demande.

VIF : Violences Intra-Familiales.

Doxxing : Abréviation de « dropping dox » qui signifie « fournir des preuves » ou encore « lâcher des infos ». D'une manière générale, le doxing est un acte malveillant utilisé contre des personnes avec lesquelles le cybercriminel est en désaccord ou en mauvais termes. Qu'est-ce que le doxing : est-ce illégal et comment l'éviter ? (kaspersky.fr) 

FWB : Fédération Wallonie-Bruxelles

Gender Budgeting : une application de l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le processus budgétaire Gender budgeting | Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (belgium.be)

Gender Mainstraiming : la (ré)organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques Gender mainstreaming | Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (belgium.be)

Intersectionnel :  notion sociologique qui désigne la manière dont les différentes formes d’oppression comme le racisme, le sexisme, le classisme, le validisme, l’homophobie, la transphobie, et d’autres, s’articulent et se renforcent mutuellement.

IVG : Interruption Volontaire de Grossesse.

PMR : Personnes à Mobilité Réduite

PMS : Centre Psycho-Médico-Sociaux.

Points violets : Lieux "safe" mis en place en Espace, notamment dans les lieux festifs. Ceux-ci permettent de venir déposer, discuter, etc d'une situation sexiste auprès de profesionnel-les.

PSE : Service de Promotion de la Santé à l’Ecole

RIS : Revenu d’Intégration Sociale

SAJ : Service d’Aide à la Jeunesse

SPJ : Service de Protection de la Jeunesse

VFF : Violences Faites aux Femmes.

Victim Blaiming : Fait de mettre la responsabilité d’un crime ou d’un méfait sur sa victime et blâmer celle-ci. Définition de victim blaming | Dictionnaire français (lalanguefrancaise.com)

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