Merci et Au revoir Françoise
Françoise Hecq est une militante féministe de renom, une amie, une sœur ; elle vient de nous quitter à l’âge de 85 ans, nous tenons à lui rendre hommage et à la remercier pour tout ce qu’elle a apporté au CVFE.
Françoise s’est engagée dans notre association en 1998. Nous cherchions à constituer une équipe pédagogique pour une nouvelle formation destinée aux femmes victimes de violences, un programme qui leur permette de comprendre les causes sociales de leurs souffrances, augmente leur estime d’elles-mêmes, leurs capacités à agir et à sortir de l’isolement. Cette formation s’appelait « Logement, Emploi et Arts », LEA de son petit nom. Une fois le projet agréé, il fallait la construire de façon concrète. Une approche féministe en était un axe essentiel.
Nous avons contacté l’Université des Femmes pour bénéficier de leur réseau… On nous communiqua le numéro de Françoise Hecq, une des fondatrices de l’UF – rien de moins -, qui accepta tout de suite avec enthousiasme, et se déclara prête à se déplacer chaque semaine de Bruxelles à Liège pour réaliser cette nouvelle expérience féministe.
Françoise fit donc partie de l’équipe pionnière qui mit la formation LEA sur les rails et lança la première expérimentation . Pendant plusieurs années, elle vint partager avec les participantes –et les collègues- ses connaissances sur l’histoire du féminisme. Elle leur proposait de mieux connaitre l’émancipation des femmes pour nourrir leur propre empowerment.
Sur cette expérience et les contacts qu’elle a noués avec les participantes, dont elle louait le courage et le désir de connaissances, elle rédigea plusieurs textes, comme cette étude publiée en 2012 : "Violence conjugale et chemin vers l’emploi : Léa, une formation unique et innovante"1.
Pendant plusieurs années, elle fit aussi partie de l’Assemblée générale et du Conseil d’administration du CVFE, enrichissant les débats par son grand savoir sur les théories et les luttes féministes et ses positions sans compromission. Aimant la discussion, transparente et loyale, chaleureuse, engagée et conviviale, pleine d’humour, elle incarnait la volonté féministe de faire bouger les lignes en faveur des femmes, par son engagement personnel, en valorisant la recherche, la réflexion et le débat d’idées, en stimulant des femmes de profils très variés à s’intéresser de plus près aux questions féministes.
Un jour vint où les déplacements fréquents en train à Liège, avec leurs avanies, devinrent trop pesants et elle démissionna du CA puis de l’AG.
Nous avons la tristesse aujourd’hui d’apprendre sa disparition et nous exprimons nos condoléances à sa famille, ses proches et toutes les personnes qui ont eu la joie de la connaitre.
1. Etude publiée en 2012 dans le volume « Violences conjugales. Approches féministes » de la collection Agirs féministes de l’ Université des Femmes
