Nouvelle analyse : "Tou·tes grossophobes"
Cette analyse vise à déconstruire l’argument prétendant que les personnes grosses sont individuellement responsables de leur poids et montre combien la grosseur est au contraire un fait social. Elle cherche également à mettre en lumière l’étendue des discriminations dont les personnes grosses sont victimes, dans une société dévalorisant le surpoids, ainsi que les formes de lutte possibles, à travers le témoignage d’Annick, militante féministe antigrossophobe.
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En 2020, le CVFE a entamé une réflexion sur la grossophobie, en organisant un premier atelier, et en poursuivant le travail en en planifiant une succession d’autres en 2021, accompagnés d’analyses sur le sujet, dont témoigne cet écrit.
Les ateliers sont menés par Annick, personne concernée*[1] et animatrice au CVFE. Cet écrit est rédigé par moi-même, sandre, chargé·e de recherches dans l’organisation, non concernée par la grossophobie, en étroite collaboration avec Annick, qui a accepté en outre de témoigner de son expérience.
J’aimerais à travers ces lignes partager le cheminement qui a été le mien dans la déconstruction de ma grossophobie, sans prétendre évidemment être devenu·e une sainte sur le sujet. J’espère aider les lecteur·ices à atteindre un degré de conscientisation suffisamment important, afin de révéler leur propre grossophobie intégrée – dissimulée notamment dans une obsession de la minceur – et en les éclairant sur l’ampleur des discriminations et violences structurelles que vivent les personnes grosses. En sachant que nous sommes tou·tes concerné·es*[2], dans cette société occidentale qui nous soumet à la minceur, à la restriction de soi, et nous aliène à travers des diktats de beauté impossibles à atteindre, dans une mouvance individualiste et autocentrée.
Je viens de loin. Sous mes allures de militant·e ouvert·e et non grossophobe, j’ai dû redescendre un peu. J’ai honte de révéler que je me situais en fait dans un genre de « tout le monde est comme iel veut, gros·se ou pas, je juge pas », forme d’expression revisitée de « on est tou·tes des humain·es » ou « je ne vois pas les couleurs », me prétendant ouvert·e mais ne m’intéressant pas dans les faits aux violences structurelles que vivent les personnes opprimées, vis-à-vis desquelles je suis clairement redevable. Car toute personne non suffisamment conscientisée alimente d’une manière plus ou moins importante le système opprimant les personnes grosses, c’est-à-dire le système occidental patriarcal, capitaliste et néolibéral, au sein duquel chacune pourrait pourtant constituer un des grains de sable qui démantèlent l’engrenage.
Et il est important de signaler que c’est ce système, cette société, qui « crée » les personnes grosses, la grosseur ne constituant pas, pour la plupart, un objectif en soi.
C’est la société qui crée les gros·ses
Dans notre société néolibérale, on nous apprend l’importance de se prendre individuellement en charge et de ne pas compter sur les aides et les liens sociaux. On doit trouver du travail, peu importe sa pénibilité, ne pas « vivre aux crochets » de la société, vivre sainement, faire son jogging matinal, et tout souci économique, tout souci de santé, tout « souci » de surpoids ne serait imputable qu’à nous et à nous seul·es. Nous serions les faiseurs et faiseuses de nos malheurs. Cette vision nous pousse ainsi à croire que les gros·ses le sont parce qu’iels ne se prennent pas en charge, sont paressesseuxses et passent leur temps à se prélasser en se goinfrant. Nous avons tou·tes cet imaginaire vissé dans nos têtes câblées par les médias et les discours dominants transversaux à toute la société. Et pourtant.
Pourtant, c’est un ensemble complexe de divers aspects sociétaux qui expliquent qu’une proportion d’individus sont gros : des aspects socio-psychologiques, socioéconomiques, relevant du système capitaliste, tous intriqués avec des facteurs biologiques.
« De plus en plus de recherches mettent en lumière le rôle des facteurs biologiques dans la prise de poids, comme la présence d’un certain nombre de gènes qui agissent soit sur le métabolisme, soit sur le comportement »[3], ou l’importance des troubles hormonaux, endocriniens, ou métaboliques. Mais les déterminants biologiques agissent rarement seuls : ils sont souvent intriqués avec des facteurs socio-psychologiques. « Des pathologies comme la dépression peuvent induire des prises de poids, liées ou non à la prise de certains médicaments antidépresseurs. Des violences survenues dans l’enfance (inceste, violences physiques) ou à l’âge adulte [violences conjugales, notamment] peuvent avoir pour conséquence de favoriser des troubles du comportement alimentaire de type hyperphagie boulimique ou compulsions. »[4] Les régimes amaigrissants[5], « paradoxalement », contribuent également à terme à faire prendre du poids à beaucoup de personnes qui s’y adonnent via un effet yo-yo, qui s’explique par une déstructuration de l’alimentation à laquelle mènent les régimes et par un rapport conflictuel à l’alimentation qui peut conduire à développer des compulsions alimentaires.[6]
Les femmes subissent davantage l’injonction à rester minces. Alors qu’elles allaitent, les mères limitent en moyenne les quantités données à leur fille.[7] Des fillettes sont mises au régime dès 5-6 ans. De manière générale, les parents, et fréquemment les mères, contrôlent de manière importante l’alimentation de leurs enfants, accroissant les risques pour ces derniers et dernières de développer un rapport négatif à leur corps[8], d’être obsédé·e par la minceur et de multiplier les régimes plus tard.
« "Une culture fixée sur la minceur féminine n’est pas une obsession de la beauté féminine, mais une obsession de l’obéissance féminine. Le régime est l’un des plus puissants sédatifs politiques de l’histoire des femmes ; une population qui est en colère silencieusement est une population docile." Faire des régimes dans le but de maigrir contribue […] à accroître l’anxiété, le manque de confiance en soi et la passivité des femmes. »[9]
Le niveau socioéconomique et le niveau d’éducation jouent également beaucoup : les femmes issues d’un milieu populaire sont en moyenne plus obèses que les femmes issues d’un milieu aisé. Chez les hommes, les personnes grosses sont davantage celles qui ont des niveaux de diplôme peu élevés.[10]
Les femmes, et davantage les hommes, de milieu aisé ont un accès culturel et financier plus important aux activités physiques[11] et ont tendance à restreindre leur alimentation. Les populations très précaires consomment plus fréquemment des féculents plutôt que des fruits, légumes ou poissons, qui coûtent beaucoup plus cher.[12] De plus, l’industrie agroalimentaire pousse à la surconsommation de produits de mauvaise qualité nutritionnelle, à la fois via ses campagnes de publicités investissant à outrance l’espace public et les médias, et par le contenu-même de ses produits, qui à force d’ajouts de glucides et de lipides, sont rendus plus appétant et difficiles à limiter.[13] Ces incitants à surconsommer entrent en contradiction avec le diktat occidental de rester mince, ce qui aliène d’autant plus les individus et leur bien-être mental.
Les personnes précaires ont en outre plus souvent des vies marquées par la pénibilité du travail, le chômage, la maladie, la perte des liens familiaux et sociaux, …, autant d’éléments qui tendent à déstructurer leurs pratiques alimentaires et à affecter leur corps.[14] Elles sont davantage soumises à une flexibilisation du travail qui leur impose des rythmes de vie difficiles[15], des lendemains de travail incertains, ne leur permettant pas de bénéficier d’une qualité de vie ni d’une alimentation suffisamment bonnes. Le stress, la violence sociale ou la dépression renforcent aussi des pratiques alimentaires potentiellement obésogènes.[16]
D’autres explications plus globales permettent de comprendre des prises de poids. De manière générale, les moments où l’on mange en société sont fortement valorisés et pourvoyeurs de convivialité. La nourriture, dans des moments en solo, sert aussi de réconfort à beaucoup de gens, en particulier ceux qui vivent de nombreuses difficultés sociales. A côté de cela, le « temps passé devant les écrans ainsi que l’utilisation accrue de la voiture sont autant d’éléments qui participent de l’augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité dans la société. En effet, ces changements modifient de manière globale les pratiques alimentaires, ainsi que les besoins physiologiques qui décroissent dans une société plus sédentaire. »[17]
La pression à aller vite, dans un contexte capitaliste où la vie sociale est en constante accélération[18], nous empêche souvent de consacrer suffisamment de temps au fait de nous nourrir sainement et de nous préoccuper de notre bien-être, physique et mental, tou·tes dévoué·es que nous sommes aux multiples devoirs auxquels nous sommes assigné·es, le premier étant de travailler ou de rechercher à tout prix un emploi à temps plein (souvent modestement) rémunéré.
La société crée les gros·ses… mais les exècre - Mécanique de la grossophobie
« Nous vivons dans une société schizophrène. Grossir devient de plus en plus « facile », mais les obèses sont des pestiférés. Ils rasent les murs – quand ils sortent encore de chez eux. », Gabrielle Deydier[19]
Dans la société, plane un vent de détestation des personnes grosses. On méprise leurs courbes, on les affuble de préjugés péjoratifs : moins consciencieuses, moins travailleuses, plus émotives. Elles sont stigmatisées, agressées et discriminées dans l’espace public (boîtes de nuit,…). On leur refuse des emprunts bancaires[20]. Elles sont victimes de discriminations à l’emploi (et en particulier les femmes) : les personnes en surpoids ont 12 fois plus de chance d’être discriminées professionnellement, les personnes obèses, 37 à 107 fois.[21]
Le monde matériel n’est pas adapté pour elles : les sièges, fauteuils, chaises, ceintures,… dans les transports publics, bistrots ou autres salles d’attente.[22] Certaines compagnies aériennes obligent les personnes obèses à payer deux sièges au lieu d’un…[23] L’industrie textile n’habille pas, ou peu, les gros·ses. « [L]es femmes faisant du 44 ont trois fois moins de choix de modèles que ce qu’elles représentent proportionnellement dans la population française, "les femmes faisant du 46 ont 15 fois moins de choix, et celles faisant du 48 ont 71 fois moins de choix" »[24]. Le peu de choix offert se décline de plus en « vêtements-sacs » ou autres « chemisettes à fleur complètement informes ». Si de nombreuses collections « grande taille » se sont développées depuis une vingtaine d’années, elles restent cependant souvent reléguées en périphérie, voire en ligne, et coûtent fort cher ![25]
Les personnes grosses sont pathologisées. La grosseur est considérée d’une manière extrêmement simplificatrice comme une maladie. Les individus, la presse, et même les médecin·es amalgament souvent surpoids et obésité, « ce qui contribue à dramatiser une prétendue « épidémie d’obésité » et à potentiellement accroître les problèmes de santé de nombreuses personnes qui, sous la pression des discours publics, tombent dans le piège des régimes trop restrictifs. »[26] Pourtant, seules les formes d’obésité sévère et morbide présentent des risques plus importants de développer certaines pathologies[27]. De nombreuses études montrent que les individus en surpoids ont une mortalité moindre que les personnes normopondérées dans le cadre de certaines pathologies comme le diabète, les maladies chroniques respiratoires ou certaines infections, notamment lorsqu’elles sont âgées. Le surpoids peut en revanche augmenter les risques pour d’autres maladies, comme les maladies cardiovasculaires[28]. Le sujet mérite donc d’être considéré dans toute sa complexité.
Par exemple, en rappelant que d’autres facteurs sont beaucoup plus pertinents pour expliquer un mauvais état de santé : de faibles revenus, des difficultés à accéder au système de santé, des régimes amaigrissants à répétition, etc.[29]. Et l’activité physique et la consommation alimentaire ont également une influence très importante sur la santé, indépendamment du poids ![30]
La plupart des gros·ses ont également intégré cette haine de leurs courbes. 9 personnes obèses sur 10 préféreraient être amputées d'une jambe, devenir muettes ou aveugles plutôt que de rester obèses[31]. De manière générale, de nombreuses personnes grosses vivent mal leurs rondeurs[32]. Suite à cela, elles pratiquent beaucoup l'autocensure et l'invisibilisation pour échapper aux agressions grossophobes. Elles s'interdisent notamment de nombreuses activités sociales, telles la danse, la piscine, la plage, les bars et boîtes de nuit, etc.[33]. Jusqu’aux institutions de soins qui de plus les prennent mal en charge, réduisant notamment souvent le moindre (ou le pire) de leurs maux à leur poids[34].
L’expérience d’Annick, militante antigrossophobie
Annick a observé cette même haine de soi intégrée des personnes grosses lors de ses ateliers sur la grossophobie et regrette que la grosseur renvoie à quelque chose d’aussi négatif :
Je constate énormément de négativité dans les discours des personnes autour de moi qui sont prêtes à se mobiliser. Il y a énormément de tristesse, de colère. Et les personnes ne s’acceptent pas telles qu’elles sont, c’est-à-dire grosses. Leur colère est totalement légitime, clairement, mais il n’y a que des discours négatifs. C'est difficile de percevoir une image positive de la grosseur. Ou alors, c'est une pression extrême, comme le courant body positive, que tu retrouves dans les communautés en ligne, qui en soi au départ sont sans doute très chouettes, mais qui sont allées dans des formes d’extrême, d’injonctions à être heureuxse et à apprécier à toute force ton corps. Sans parler de toute la récupération du mouvement et son instrumentalisation par de nombreuses marques. Le plus important, ça devrait être le respect et l'acceptation par la société, le fait de pouvoir avoir une place, pas d’obliger les gens à sauter de joie en raison de leurs différences.
Dans sa manière de lutter, Annick a très tôt choisi, pour dénoncer cette invisibilisation des gros·ses, de prendre sa place et de se mettre en scène :
J'ai très vite pris le contre-pied, – même si c'était inconscient –, d’essayer de prendre le pouvoir sur ce corps, sur son image, de le mettre en scène. J'ai tout de suite compris qu'il fallait imposer ce corps, qu'il fallait l'utiliser, qu'il ne fallait pas raser les murs. Je n'ai jamais rasé les murs. Parce qu'il a le droit d'exister, d'être là, d’être simplement dans l'espace tout court.
Annick prend sa place dans chacune de ses interactions sociales mais aussi dans le cadre de divers projets collectifs qu’elle a mis sur pied :
J’ai participé à un podcast sur la sexualité féminine. Je monte un projet de petites vidéos où je sketchifie des scènes de vie grossophobes. J’ai réalisé une vidéo-diaporama faite de photos de parties de mon corps que la société m’enjoint à cacher, avec en fond sonore un texte que j’ai écrit et déclame. Avec des participantes du CVFE, et l’aide du théâtre de la Renaissance, nous avons monté et joué la pièce de théâtre humoristique « Chez Elle », inspirée des réalités de vie des femmes. Une scène y évoque notamment l’injonction à la minceur : on y joue une séance parodiant les réunions Weight Watchers où le but n’est pas de perdre du poids mais d’en prendre. Et cette année, j’ai monté un projet de cours de danse orientale uniquement destinés aux personnes grosses. Y viennent des dames d'âges différents, où le but n’est peut-être pas de devenir des performeuses techniques de danse orientale de folie – moi-même, il y a des choses que je ne fais pas, si je faisais de la danse au sol, je ne me relèverais pas (rires) – mais de travailler justement ce rapport au corps, se le réapproprier. L'idéal serait d'arriver au niveau de son acceptation ou du moins reconnecter quelque chose avec lui, au travers du mouvement et de la danse. Et d'être dans l'espace, de se découvrir un petit peu. J’ai observé que les élèves que j'ai eues, au fur et à mesure des cours, elles arrivaient d’abord avec des tee-shirts extrêmement larges jusqu'en-dessous des genoux, – parce qu’on t'apprend continuellement à camoufler tout ça – puis au fur et à mesure, le tee-shirt se raccourcissait jusqu’à devenir un petit nœud au niveau de la taille, pour permettre notamment de mieux voir les mouvements.
Dans les groupes militants féministes où elle est active, Annick regrette la présence assez importante de propos grossophobes :
Autant je crois qu'il y en a plein qui tolèrent très bien leurs poils, autant faudrait pas qu'elles aient leur summer body menacé (rires). La notion de régime, de faire attention à ce qu'on mange, de ne pas prendre de poids, je la retrouve tout le temps dans les rangs féministes. Et ce sont les mêmes qui vont militer très fort pour « A bas les soutien-gorge ! », « Laissons pousser nos poils et arrêtons le mascara ! ». Mais la grossophobie, elle reste très présente, et ce, sous deux aspects : celui relatif à la « nécessité » d’être mince pour être en bonne santé, et celui relatif à l’injonction à correspondre aux normes de beauté[35]. En bref, on tolère ses poils mais pas son gras.
En raison de la grossophobie dans les rangs féministes, Annick défend notamment la nécessité de lutter entre personnes concernées, c’est-à-dire entre femmes grosses. A Liège, peu de choses semblent se dérouler sur ces questions. En 2020, un collectif naissant a périclité en raison des mesures gouvernementales contre le COVID. En 2021, au moment où j’écris ces lignes, Annick vient de lancer au CVFE un cycle d’ateliers sur la grossophobie, l’âgisme et le validisme, nommé « Corps politique », mêlant réflexions et échanges, ainsi qu’un projet de photos militantes. A quand davantage de projets de ce type ?
En lutte !
La lutte contre la grossophobie est assez jeune, elle a environ 50 ans. Et nombre de changements structurels sont évidemment éminemment nécessaires : former les professionnel·les de la santé sur la complexité des causes de l’obésité et sur l’impact de la grossophobie sur la santé ; améliorer la prise en charge des troubles du comportement alimentaire ; améliorer la qualité des soins en santé mentale à l’attention des personnes grosses ; pousser le monde médical, ainsi que les magazines féminins, etc., à dénoncer officiellement les régimes amaigrissants, et leurs impacts sur les troubles du comportement alimentaire ; favoriser plutôt les méthodes de réappropriation alimentaire, d’écoute intuitive des besoins naturels du corps, basées sur les sensations gustatives et de faim[36] ; améliorer la qualité des produits de l’industrie agroalimentaire ; rendre les fruits et légumes financièrement plus accessibles ; faciliter l’accès aux lieux publics des personnes grosses ; etc.[37]
En tant qu’association féministe, nous aimerions en particulier sensibiliser nos sympathisant·es et les militant·es à la thématique, faire pression pour que la grossophobie se situe en priorité de l’agenda politique et, enfin, nous donner les moyens, par exemple via un texte comme celui-ci, de déconstruire nos propres discours grossophobes. Car comme le dénonce Annick, même dans les rangs féministes les propos affluent sur la nécessité de faire attention à son poids et d’être au régime. La croyance qu’il faut être mince pour être en bonne santé et suffisamment désirable y est presque (tout ?) autant présente que dans le reste de la société. Rendons-nous compte de la portée de nos actes et de nos paroles et mobilisons-nous cette fois en véritables allié·es pour la lutte contre la grossophobie, en soutenant notamment, si notre aide est opportune, le développement de collectifs, féministes ou non, antigrossophobie.
Pour aller plus loin
Solenne Carof, Grossophobie, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2021. Une bible !
Daria Marx et Eva Perez-Bello, « Gros » n'est pas un gros mot. Chroniques d'une discrimination ordinaire, Paris, Flammarion, 2018.
Gabrielle Deydier, On ne naît pas grosse, Paris, Goutte d’or, 2017.
Le podcast : « Place aux gros - Épisode 3 : Obésité : une maladie de pauvre », LSD, la série documentaire, 20 novembre 2019, France Culture. Disponible sur : https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/place-aux-gros-34-obesite-une-maladie-de-pauvre
Le documentaire : « Pourquoi nous détestent-ils, nous les gros ? », Caméra Subjective, 2017. Un film de Sarah Carpentier, Clémentine Arnaud, Christophe Lancellotti, Charlotte Gaccio.
La chronique : « Où sont les personnes grosses à la télévision ? » de Diane Ntahimpera, 20/06/2021. Disponible sur : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_ou-sont-les-personnes-grosses-a-la-television-une-chronique-de-diane-ntahimpera?id=10785199
L’article : « Confinement et grossophobie : "Il y a eu beaucoup de violences envers les personnes grosses" » de Camille Wernaers, 21/05/2021. Disponible sur : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_confinement-et-grossophobie-il-y-a-eu-beaucoup-de-violences-envers-les-personnes-grosses?id=10766574
L’analyse : « Grosse, et alors ? La grossophobie en tant qu’enjeu féministe » d’Anna Sufata, 2017. Disponible sur : https://www.femmesprevoyantes.be/2017/12/28/analyse-2017-grosse-et-alors-la-grossophobie-en-tant-quenjeu-feministe/
L’article : « Grossophobie et racisme : Sabrina Strings met au jour les racines de haines liées » d’Adèle Cailleteau, mars 2021. Disponible sur : https://www.axellemag.be/sabrina-strings-interview-grossophobie-et-racisme/
L’article : « Le compte Instagram Corps Cools décrypte la grossophobie systémique », 2021. Disponible sur : https://www.axellemag.be/corps-cools-decrypte-grossophobie-systemique/
Pour télécharger notre analyse
Pour citer cette analyse :
sandre roubin, "Tou·tes grossophobes", Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE asbl), septembre 2021. URL : https://www.cvfe.be/publications/analyses/393-tou-tes-grossophobes
Contact :
Auteur·ice : sandre roubin –
Avec le soutien du Service de l’Education permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie.
Notes :
[1] « concernée », dans le sens concernée directement par la lutte antigrossophobie, puisqu’Annick est elle-même grosse. Nous avons comme préoccupation réelle au CVFE de rapporter en priorité la parole des personnes concernées, puisqu’elles sont expertes de leur vécu d’oppressions, et pourtant invisibilisées, décrédibilisées, empêchées historiquement d’être au-devant de la scène pour les dénoncer.
[2] Dans le sens plus général.
[3] Solenne Carof, Grossophobie, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, p. 58.
[4] Ibid., pp. 58-59.
[5] Daria Marx et Eva Perez-Bello, « Gros » n’est pas un gros mot, Paris, Librio, 2018, pp. 61-68.
[6] Ibid., pp. 166-167.
[7] elena gianini belotti, du côté des petites filles, Paris, Des femmes – Antoinette Fouque, 2009, p. 35.
[8] Solenne Carof, Grossophobie, op. cit., pp. 138-139.
[9] Selon Naomi Wolf citée par Ibid., pp. 68-69.
[10] Ibid., p. 60.
[11] Catherine Louveau, Pratiquer une activité physique ou sportive : persistance des inégalités parmi les
femmes, Recherches féministes, 17, n°1, pp. 39-76, 2004.
[12] Véronique Samouiloff, « Place aux gros - Épisode 3 : Obésité : une maladie de pauvre », LSD, la série documentaire, 20 novembre 2019, France Culture. Disponible sur : <https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/place-aux-gros-34-obesite-une-maladie-de-pauvre> (Consulté le 06/09/2021)
[13] Solenne Carof, Grossophobie, op. cit., p. 64.
[14] Ibid., p. 61.
[15] « Les plats préparés et les ingrédients transformés proposés par les magasins de hard discount sont des aides précieuses pour les cuisiniers pressés et fauchés. » Source : Daria Marx et Eva Perez-Bello, « Gros » n’est pas un gros mot, op. cit., p. 26.
[16] Ibid.
[17] Ibid., pp. 63-64.
[18] Hartmut Rosa, Aliénation et accélération, Paris, La Découverte, 2014.
[19] Gabrielle Deydier, On ne naît pas grosse, Paris, éditions Goutte d’Or, 2017, p. 17.
[20] Solenne Carof, Grossophobie, op. cit., p. 98.
[21] Ibid., p. 107.
[22] « Les personnes grosses représentent environ 1/6 de la population. Pourtant l’espace public n’est jamais pensé pour nous et nos corps. Les sièges trop petits, leurs accoudoirs, les allées serrées, les tourniquets, les wc étroits, les escaliers, le mobilier inadapté nous exclut des cinémas, des restaurants, des transports en commun, des avions, des trains, des cafés, des magasins, des théâtres, des salles de sport, des salles d’attente, des cabinets médicaux, des hôpitaux… du monde. »
Source : growfunding, « Fat Friendly ». Disponible sur : <https://growfunding.be/fr/projects/fatfriendly> (Consulté le 17/09/2021)
[23] Ibid., p. 117.
[24] Ibid., p. 119.
[25] Ibid., pp. 120-121.
Voir aussi : Daria Marx et Eva Perez-Bello, « Gros » n’est pas un gros mot, op. cit., pp. 43-45.
[26] Solenne Carof, Grossophobie, op. cit., p. 193.
[27] « [C]omme du diabète de type II, des maladies cardiovasculaires, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un infarctus, de l’asthme, une hypothyroïdie, mais également des risques de développer certains cancers, comme les cancers du sein après ménopause, les cancers gastriques, colorectaux, ovariens, et d’autres […]. » Source : Ibid., pp. 191-192.
[28] Ibid., pp. 185-186.
[29] Ibid., p. 184.
[30] Ibid., p. 193.
[31] Ibid., p. 149.
[32] Ibid., p. 145.
[33] Ibid., pp. 126-134.
[34] Des personnes ont par exemple découvert tardivement leur cancer parce que leur mal de dos était attribué à tort à leur poids. Source : Ibid., pp. 194-210.
Voir aussi : Daria Marx et Eva Perez-Bello, « Gros » n’est pas un gros mot, op. cit., pp. 85-90.
[35] Les normes de beauté divisent jusqu’aux femmes grosses entre elles. Les médias et la mode se targuent de les valoriser. Iels ne mettent en valeur pourtant qu’une poignée ou des femmes photoshopées, dont on gomme les vergetures et la cellulite, et pourvues de physiques jugés pulpeux, c’est-à-dire dotés de grosses poitrines, grosses fesses et grosses hanches, et surtout d’un ventre plat !
[36] Aller voir notamment à ce sujet le site du « Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids » : https://www.gros.org/.
[37] Ibid., pp. 247-261.